PAS TOUT À FAIT un tueur silencieux. Souvent qualifié ainsi en raison d’un diagnostic tardif et d’une survie à 5 ans d’environ 35 %, le cancer de l’ovaire pourrait être dépisté plus tôt qu’il ne l’est, selon des épidémiologistes de Bristol. L’équipe du Pr Deborah Sharp a montré dans une étude cas-contrôle que sept symptômes fréquents en médecine générale sont associés au cancer de l’ovaire dans l’année précédant le diagnostic. Il s’agit de la distension abdominale, des métrorragies postménopausiques, de la perte d’appétit, de la pollakiurie, des douleurs abdominales, du saignement rectal et du météorisme abdominal. Trois parmi eux sont restés associés au cancer gynécologique, même en excluant la période des 6 derniers mois : la distension abdominale, la pollakiurie et les douleurs abdominales. Le retard diagnostique est souvent long et le cancer découvert à un stade avancé. Il serait possible de dépister plus tôt le cancer de l’ovaire, si l’on prêtait davantage attention à une distension abdominale persistante, de loin le symptôme le plus prédictif de l’affection d’après l’étude.
Trente-neuf médecins généralistes de trois comtés d’Angleterre ont participé à l’étude. Sur les 97 500 femmes suivies en soins primaires, 212 de plus de 40 ans ont déclaré un cancer de l’ovaire sur la période 2000-2007. Pour chaque femme atteinte, cinq contrôles ont été appariés pour l’âge et la profession par randomisation, soit un total de 1 060 témoins. Près de 30 symptômes pertinents ont été épluchés dans les dossiers médicaux pour que l’analyse n’en retienne que 7 au final, associés au cancer de l’ovaire. Au moins l’un de ces 7 symptômes était présent avant le diagnostic chez 181 cas (85 %) et 164 témoins (15 %). La distension abdominale s’est avérée de loin être le symptôme à la plus forte valeur prédictive positive (VPP) de 2,5 %, les autres ayant une VPP?‹?1 %. L’association de deux facteurs augmente cet indicateur, voire le multiplie par 2 comme pour l’association distension abdominale et perte d’appétit.
Seulement 15 % des cancers sans symptôme.
Dans l’année précédant le diagnostic, seulement 15 % des femmes ayant un cancer de l’ovaire n’ont présenté aucun des 7 symptômes. Compte-tenu du grand nombre de signes recueillis pour l’analyse, il est rassurant de retrouver les 7 mêmes que dans des études antérieures menées en milieu hospitalier. La distension abdominale mériterait d’être mieux prise en compte et d’être mieux explorée. Ce d’autant que l’étude a pu sous-estimer la force de l’association, puisqu’il existe deux termes difficiles à distinguer en anglais abdominal distention et abdominal bloating. Seule la notion de durée permet de faire la différence, le premier terme étant persistant et le second intermittent ou transitoire. Si le risque d’avoir un cancer de l’ovaire avec une seule distension abdominale reste faible malgré tout, il serait néanmoins souhaitable d’envisager cette faible possibilité en médecine générale. Pour les auteurs, la persistance de symptômes et l’absence d’explications à leur survenue justifieraient pleinement la réalisation d’examens complémentaires.
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