L’APPARITION, en Asie du Sud-Est, de résistances à l’artémisinine, un antipaludéen qui a permis d’alléger considérablement le poids des infections à Plasmodium falciparum, soulève un défi dans le contrôle du paludisme à l’échelle mondiale. Dans ce contexte, il faut se réjouir de la mise au point, par une équipe de Cambodgiens, avec l’Institut Pasteur de Paris, le National Institute of Health américain et la participation de Genevois, d’un test in vitro capable de prédire les résistances à l’antipaludéen.
C’est en 2008 qu’on a noté, dans la partie occidentale du Cambodge, les premiers cas de résistance à l’artémisinine et ses dérivés. Ces résistances se sont étendues ultérieurement à certaines régions de Thaïlande, de Birmanie et du Vietnam, mettant à l’épreuve l’objectif de contrôle de la maladie à l’échelle de la planète. Actuellement, pour essayer de prédire la sensibilité à l’artémisinine on ne dispose que de la mesure de la demi-vie de la clairance parasitaire (la durée au bout de laquelle la densité parasitaire est réduite de 50 %), mais cette approche est lourde, coûteuse et, parce qu’elle impose de multiples prises de sang chez le patients, contraignante.
Au Cambodge.
Le test RSA (ring-stage survival assay) proposé par les auteurs a été validé à partir de deux études cliniques : la première conduite en 2009-2010 dans le Pursat, une région du Cambodge occidental où les dérivés de l’artémisinine sont utilisés depuis 35 ans et où les résistances à l’antipaludéen sont bien établies ; la seconde faite en 2012, dans le Pursat mais aussi dans d’autres régions du Cambodge où l’on n’a pas encore rapporté de résistances à l’antipaludéen.
Dans l’étude de 2010 (13 infections de déclin rapide et 13 de déclin lent, après traitement associant artésunate et méfloquine), le RSA pour les anneaux de 0 à 3 heures objective un taux de survie moyenne des parasites à déclin lent près de 50 fois supérieur à celui des parasites à déclin rapide. Pas de différences de survie, en revanche, dans les stades ultérieurs de développement du parasite (anneaux de 9 à 12 heures et trophozoïtes de 18 à 21 heures). Le stade précoce de maturation de P. falciparum
(0-3 heures) apparaît donc déterminant dans la distinction entre sensibilité et résistance à l’artémisinine.
Dans l’étude (prospective) de 2012, les chercheurs ont pu interpréter les demi-vies de clairance chez 30/36 patients (traités par dihydroartémisinine + pipéraquine). Ici, les RSA réalisés ex-vivo (soit à partir d’isolements faits sur le terrain, sans culture en laboratoire), en accord avec les demi-vies de clairance (mesurées in vivo), sont capables de prédire correctement (dans des régions où les résistances ne se sont pas encore révélées) les infections à déclin lent chez 26 patients sur 30. Il existe surtout une corrélation significative (p ‹ 0,0001) entre les données in vivo et in vitro.
Des résultats en 3 jours.
L’équipe de Witkowski et Amaratunga montre donc que les proportions relatives d’anneaux jeunes (de 0-3 heures) et d’anneaux plus matures (de 9-12 heures), au début du traitement par l’artémisinine, influence la demi-vie de la clairance parasitaire. Mais surtout leurs résultats indiquent que le test RSA ex-vivo représente une méthode réalisable sur le terrain, peu contraignante, capable de détecter rapidement (résultats obtenus en 3?jours) l’émergence et l’extension des résistances à l’artémisinine. La mesure du taux de survie des anneaux de 0-3 h pourra par ailleurs être d’une aide précieuse dans les tentatives actuelles d’identification de loci de contrôle de la sensibilité à l’artémisinine.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques