AVEC près de 65 000 nouveaux cas enregistrés en France en 2008, le cancer de la prostate est le cancer masculin le plus fréquent et le deuxième plus meurtrier avec près de 9 000 décès par an. Plusieurs options thérapeutiques sont possibles. L’ablation de la prostate, ou prostatectomie totale est, aujourd’hui en France, la technique de référence en cas de cancer localisé à l’intérieur de la glande. Le taux de récidive locale est faible, mais les effets secondaires en terme de fonction érectile sont réels. La radiothérapie externe a beaucoup évolué mais elle nécessite une cinquantaine de séances et il existe un taux de récidive tumorale à plus ou moins long terme. La curiethérapie repose sur l’implantation directe de sources radioactives dans le tissu prostatique, mais l’effet s’atténue au fil du temps et il est quasi nul au bout de huit mois/un an. En cas d’échec des deux dernières techniques, le recours à la chirurgie est impossible, il y a impasse thérapeutique et pas de deuxième chance pour ces patients. C’est pourquoi l’Ablatherm représente une avancée médicale importante. La technique de ce dispositif médical a été mise au point à l’Hôpital Édouard Herriot de Lyon par le Dr Albert Gelet, en collaboration avec l’INSERM U556 et la société française EDAP-TMS, conceptrice de l’appareil et du procédé.
Une maladie sous contrôle.
L’Ablatherm utilise les ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) qui produisent une chaleur intense (80 à 100 °C) au point focal. Ses effets secondaires sont limités. Outre la visualisation en temps réel du traitement, la technique permet, grâce à la brièveté et à la précision des « tirs » d’ultrasons, de traiter le malade de façon la plus ciblée possible. Et donc, de préserver au maximum les tissus environnants comme les nerfs de l’érection et le sphincter urinaire. C’est la meilleure réponse pour conserver la continence (98 %) et l’érection (87 %) avec le maximum de succès : 87 % des patients traités en première intention montrent une disparition du tissu cancéreux. « Aujourd’hui, quand on traite un cancer de la prostate, il faut tout enlever ou tout détruire. C’est le curatif à tout prix sans prendre en compte l’aspect qualité de vie du patient, explique le Pr Guy Valencien (Institut mutualiste Montsouris). Avec l’Ablathermie, nous sommes en mesure de ne traiter que les foyers dangereux, au fur et à mesure qu’ils se développent, en épargnant le reste de la glande. Ce contrôle de la maladie est un bouleversement majeur. » Actuellement en France, 42 centres hospitaliers publics ou privés la proposent.
Une technique précise et robotisée.
À l’aide d’une sonde introduite dans le rectum du patient, le médecin repère, sous contrôle échographique permanent, les limites de la prostate, calcule son volume et définit la zone à traiter. Le dispositif piloté par ordinateur exécute alors le traitement en réalisant plusieurs tirs (400 à 600 en général), toujours avec la même sonde. Les mouvements de la sonde sont programmés au demi-millimètre près. Après le traitement, une sonde urinaire est mise en place et retirée au bout de 48 heures. Pour le traitement standard de toute la prostate, quatre séquences de « tirs » de 20 à 30 minutes sont nécessaires. L’autre avantage de la méthode par rapport autres techniques est qu’elle peut être répétée, car il n’y a pas d’effets cumulatifs des doses d’ultrasons. Si un foyer cancéreux est à nouveau décelable lors de biopsies de contrôle, une deuxième séquence peut être réalisée six mois après la séquence initiale. Les deux indications de l’Ablathermie reconnues et validées par l’Association française des urologues sont : en première intention, pour les patients chez qui la chirurgie est impossible ou refusée par le patient lui-même, et après radiothérapie, en cas de récidive locale prouvée par biopsies et en l’absence de métastases. Ce traitement est actuellement réservé aux tumeurs peu agressives.
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