Le traitement standard du cancer de l’ovaire avancé consiste en une chirurgie suivie d’une chimiothérapie à base de platine. Cependant, de nombreuses patientes récidivent et développent finalement une résistance à la chimiothérapie.
Une équipe de chercheurs de l’université médicale de Pennsylvanie aux États-Unis et de l’hôpital universitaire de Lausanne en Suisse décrit une nouvelle approche d’immunothérapie prometteuse : un vaccin anticancéreux personnalisé. Leur essai pilote mené chez 25 patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire avancé et récurrent est publié dans la revue « Science Translational Medicine ».
Le vaccin repose sur les cellules dendritiques (CD) de la patiente, dérivées in vitro à partir de ses lymphocytes sanguins prélevés par leucaphérèse ; les cellules dendritiques sont ensuite exposées in vitro au lysat des propres cellules tumorales de la patiente. Une fois ce vaccin personnel fabriqué, il peut être congelé en doses multiples et administré toutes les 2 semaines à la patiente selon le besoin, par injection directe dans les ganglions lymphatiques inguinaux (sous contrôle échographique).
Une amélioration de la survie
L’essai pilote a évalué tout d’abord le seul vaccin (cohorte 1 de 5 patientes), puis le vaccin en combinaison avec le bevacizumab IV (cohorte 2 de 10 patientes), et enfin le vaccin en combinaison avec le bevacizumab IV et le cyclophosphamide IV à faible dose (cohorte 3 de 10 patientes). Le bevacizumab, un anticorps anti-VEGF-A, peut favoriser l’infiltration des cellules T dans les tumeurs ; le cyclophosphamide à faible dose vise à diminuer les cellules T régulatrices favorisant l’immuno-tolérance. Toutes les patientes ont été suivies pendant 2 ans.
Les résultats montrent une bonne tolérance, sans effets secondaires sérieux (après environ 400 doses vaccinales au total). Le vaccin peut induire des réponses immunitaires T anti-tumorales, qui sont corrélées à une survie (globale ou sans progression) plus élevée chez ces patientes. Ainsi, la survie globale à 2 ans chez les patientes qui répondent au vaccin est de 100 %, contre 25 % chez celles qui ne répondent pas au vaccin. L’ajout du cyclophosphamide faible dose améliore l’immunisation, avec une survie à 1 an de 100 % dans la cohorte 3 contre 60 % dans les groupes historiques ; et la survie globale à 2 ans est de 78 % dans la cohorte 3 contre 44 % dans le groupe historique de patients appariés recevant le bevacizumab/cyclophosphamide sans vaccin.
« La fabrication d’un vaccin à l’aide des propres tumeurs des patientes a induit une réponse immunitaire contre les néo-antigènes. C’est une étape importante dans le domaine de la vaccination puisque tout le travail récent se concentre sur la production de vaccins chargés de néoantigènes identifiés sur la base de différents algorithmes ; ici les vaccins antigéniques de la tumeur contiennent les antigènes connus, les néo-antigènes et tous les antigènes inconnus, précise au « Quotidien » le Pr Lana Kandalaft (Centre de Thérapies expérimentales, Hôpital universitaire de Lausanne) qui a codirigé l’étude. Ces vaccins pourraient être prometteurs en combinaison avec le traitement standard et chez les patientes en rémission afin de stimuler la réponse immunitaire pour prévenir d’autres rechutes. »
L’équipe va poursuivre l’évaluation clinique de ce vaccin personnalisé en conduisant un essai clinique en Suisse chez 26 patientes atteintes de cancer de l’ovaire. Elle souhaite également évaluer cette approche pour un autre cancer de sombre pronostic, le cancer du pancréas.
"Science Translational Medicine", 11 avril 2018, Tanyi et coll.
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