LA PILULE ellaOne (ulipristal), seconde génération de pilules de rattrapage à prescription obligatoire, est le premier représentant d’une nouvelle classe des récepteurs de la progestérone. Active par voie orale, elle agit en se liant avec une forte affinité aux récepteurs de la progestérone humaine. Son mode d’action repose sur une inhibition très puissante de l’ovulation. Son efficacité, ses spécificités et sa tolérance ont été largement démontrées dans le cadre d’un programme d’études cliniques incluant plus de 4 000 femmes. Son mode d’action lui permet d’agir même immédiatement avant l’ovulation, au début de la montée de LH (hormone lutéinisante), ainsi que dans la partie finale de la phase folliculaire. Cette efficacité pendant toute la phase folliculaire a d’autant plus d’importance que le risque de grossesse augmente régulièrement jusqu’au moment de l’ovulation, période fertile au cours de laquelle la fréquence des rapports sexuels et la probabilité de conception sont maximales. Deux études ont comparé l’efficacité d’ulipristal à celle du lévonorgestrel et les résultats ont montré une réduction significative du risque de grossesse, de près de moitié, par rapport à la molécule de référence pendant les trois jours suivant le rapport non protégé. Autre constatation cliniquement démontrée : contrairement à la molécule de première génération, l’efficacité de l’ulipristal ne décline pas avec le temps mais se maintient à un niveau important jusqu’à 120 heures après le rapport non protégé. L’ulipristal est capable d’inhiber ou de retarder l’ovulation en cas de prise tardive et reste active cinq jours, ce qui correspond très précisément à la durée de vie d’un spermatozoïde dans les voies génitales féminines. Le profil de tolérance est comparable pour les deux molécules.
Prescrire la contraception d’urgence « à l’avance ».
Au-delà de la plus grande accessibilité pour les femmes à cette méthode de rattrapage, le remboursement à 65 % d’ellaOne marque la reconnaissance par les autorités de santé du bénéfice apporté. Il renforce la crédibilité de cette nouvelle génération de contraception d’urgence, et il va dans le sens de la prévention des grossesses non désirées en encourageant la prescription et la délivrance d’une contraception d’urgence « à l’avance ». Dans le contexte épidémiologique d’aujourd’hui, la demande de remboursement est aussi une opportunité pour ramener cette méthode contraceptive dans le champ médical. L’accès facile au lévonorgestrel a eu pour conséquence un moindre dialogue des femmes avec leur médecin, et en corollaire, moins d’informations et moins d’explications sur les situations à risques. Il est important de conjuguer une approche collective et une approche individuelle. « Un discours personnalisé doit compléter et relayer les informations de masse et les messages grand public, et il faut donc remédicaliser le dialogue et réintégrer le médecin dans l’offre contraceptive pour prévenir une grossesse non désirée, affirme le Dr Christian Jamin, gynécologue et endocrinologue (Paris). Paradoxalement, une contraception d’urgence ne doit pas se faire en urgence. » La rédaction d’une ordonnance préventive permet, au cas par cas, à la fois de mettre en garde contre les situations à risques, d’expliquer le risque d’erreur et de dédramatiser la situation en rassurant les femmes. Cette prescription peut être faite en même temps que la contraception au long cours ou dans le cadre d’une consultation de surveillance. « Pour jeter les bases d’une prévention efficace et responsable, tout doit être précisé, de la prise au mécanisme d’action, en passant pour l’innocuité de cette pilule de rattrapage », insiste le spécialiste.
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Françoise Amouroux
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