DES CHERCHEURS du Collège impérial de Londres viennent de battre en brèche l’hypothèse communément admise selon laquelle le paludisme serait apparu dans l’histoire des hommes avec le développement de l’agriculture (« Current Biology », 17 juin). « Nos recherches montrent que le parasite responsable de la maladie a évolué et s’est propagé en même temps que les humains et qu’il l’aurait accompagné au moment de l’exode hors d’Afrique, il y a 60 000-80 000 ans », explique le Dr Françis Balloux. L’équipe internationale qu’il a coordonnée a eu accès à la plus importante collection de parasites jamais rassemblée. L’analyse des séquences d’ADN a permis de suivre la progression géographie du parasite et d’en déterminer l’âge. Les résultats sont en faveur d’une coévolution avec l’homme. L’analyse des séquences génétiques du Plasmodium met en évidence « une distribution géographique d’une similarité étonnante avec celle observée chez l’homme ». « Ceci suggère que tous les deux partagent la même origine géographique, le même âge et les mêmes routes de dispersion à travers le monde », souligne le chercheur.
Diversité génétique.
Ce résultat pourrait avoir, selon lui, des conséquences importantes, parce que peu d’études avaient cherché à analyser la diversité génétique du plasmodium. Or c’est par ce moyen que le parasite arrive à tromper le système immunitaire et à développer une résistance contre les antipaludiques. Des stratégies de contrôle plus efficaces permettraient de mieux lutter contre la maladie, qui touche 230 millions de personnes dans le monde et est à l’origine de 1 à 3 millions de décès chaque année. Et on estime que plus d’un milliard d’individus sont exposés au risque d’infection par un plasmodium.
Dans une étude publiée en ligne dans le journal des CDC (Centre of Disease Control), Sarah Olson et coll. expliquent d’ailleurs que le paludisme reste une menace de plus en plus importante. Les résultats de l’analyse des données d’incidence dans 54 districts sanitaires au Brésil en 2006, couplées aux images haute définition fournies par les satellites de la NASA, montrent que la déforestation s’est accompagnée d’une explosion de cas dans cette région, avec une augmentation de 48 % de l’incidence du paludisme pour une baisse du couvert forestier de 4 %. La lutte contre le Plasmodium passe donc aussi par une bonne gestion des espaces et des facteurs environnementaux favorisant l’essor des anophèles.
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