LE PLUS SOUVENT les colonnes du « Quotidien » évoquent des gènes de prédisposition aux maladies. Cette fois, une équipe new-yorkaise, Amy E. Sanders et coll., met en évidence un gène protecteur du déclin cognitif et du risque de survenue d’une démence ou d’une maladie d’Alzheimer.
Pour mener à bien sa recherche et confirmer son hypothèse de départ, l’équipe est partie d’un fait connu. Certains polymorphismes du gène CETP (Cholesteryl Ester Transfer Protein) sont associés à des longévités exceptionnelles et à un moindre risque cardio-vasculaire. Leur rôle dans une protection de la cognition était moins sûr. C’est dans cette voie que se sont engagés les Américains. Ils se sont tout particulièrement intéressés au polymorphisme d’un seul nucléotide (SNP) sur le codon 405 du gène CETP. Une isoleucine y est remplacée par une valine (génotype V405 ; SNP rs5882). Ce SNP est associé à de moindres concentration et activité de la protéine CETP, ce qui se traduit par une élévation du HDL cholestérol et de la taille des particules de lipoprotéines.
Une étude prospective a donc été menée auprès de 523 sujets vivant en communauté. Tous avaient 70 ans et plus, leur génotype CETP était disponible. De 1994 à 2009, annuellement, les participants ont subi des tests neuropsychologiques et une évaluation neurologique. Puis a été évaluée l’association entre le génotype V405 et les performances aux tests cognitifs de mémoire épisodique, d’attention et de rapidité psychomotrice. Les résultats étaient corrigés selon le sexe, l’éducation, l’ethnie, les comorbidités et l’allèle APOE 4 (impliqué dans la susceptibilité à la maladie d’Alzheimer).
Homozygotes pour la valine.
Dans la population suivie, la fréquence de l’allèle où l’isoleucine était remplacée par une valine était de 43,5 %. Au cours du suivi moyen de 4,3 ans, 40 cas de démence ont été enregistrés. Une comparaison a été réalisée entre les homozygotes (porteurs de deux allèles) pour l’isoleucine et pour la valine. Ceux porteurs du SNP V405 avaient un déclin significativement plus lent que les autres sur les tests de mémoire épisodique. Plus précisément la présence de l’isoleucine était associée à un déclin de 0,43 point par année d’âge, celle de valine de 0,21, soit une perte diminuée de 0,22 point. Aucune différence n’était relevée sur les autres tests.
En ce qui concerne la survenue d’une démence ou d’une maladie d’Alzheimer, l’homozygotie abaissait le risque relatif à 0,28 et 0,31 respectivement. Les individus hétérozygotes pour le SNP V405 semblaient également à moindre risque, mais la différence par rapport aux homozygotes n’atteint pas le seuil de la significativité.
Ces résultats sont confirmés par des observations. Plusieurs travaux ont déjà suggéré que l’homozygotie valine conférait un meilleur statut cognitif. Dans l’étude, la protection conférée par le SNP V405 sur le déclin mnésique a porté sur toute la cohorte et non pas seulement sur les sujets ayant déclaré une démence. Enfin, la protection semble biologiquement plausible puisque d’autres gènes impliqués dans le métabolisme lipidique le sont aussi dans le risque de démence.
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