TROUBLE du rythme le plus fréquent, la FA résulte d’une activité électrique anormale du muscle cardiaque. Elle touche 750 000 personnes en France (dont 450 000 en FA paroxystique ou persistante) et sa prévalence augmente par tranche d’âge, l’âge moyen étant de 75 ans. C’est une maladie évolutive avec des récidives fréquentes. Elle a ses complications propres, graves, et indépendantes des pathologies CV éventuellement associées, dont elle aggrave le pronostic. Les études montrent que la morbimortalité liée aux pathologies CV sous-jacentes est plus importante chez les patients souffrant en plus de FA. « Elle double ainsi le risque de décès et augmente significativement non seulement le risque d’AVC, mais aussi celui d’infarctus du myocarde et d’insuffisance cardiaque, déclare le Dr Jean-Luc Pasquié (CHRU de Montpellier). Mais, alors que la morbimortalité liée aux autres pathologies CV ne cesse de diminuer grâce à des progrès significatifs en termes de prévention, de traitements médicamenteux et de chirurgie, le pronostic des patients souffrant de FA ne s’est pas amélioré et le nombre d’admissions à l’hôpital a augmenté de 60 % au cours des vingt dernières années. De plus, les symptômes et les complications de la FA, même transitoire, altèrent considérablement la qualité de vie des patients, et cette situation a des répercussions importantes en termes médicoéconomiques. »
Jusqu’aux récentes recommandations de l’ESC, les objectifs de la prise en charge de la FA étaient de diminuer la gêne fonctionnelle, de prévenir les accidents thromboemboliques et d’éviter l’aggravation d’une éventuelle cardiopathie sous-jacente tout en limitant les risques iatrogènes. Aujourd’hui, les traitements chroniques du trouble du rythme reposent sur deux options : le contrôle du rythme sinusal pour prévenir les récidives de FA et le contrôle de la fréquence cardiaque (FC) pour réduire la gêne fonctionnelle. Or, les antiarythmiques (AAR) actuels n’ont pas démontré d’amélioration de la survie ni de réduction des hospitalisations, ce qui suggère que leurs effets bénéfiques sont contrebalancés par leurs effets indésirables fréquents (toxicité cardiaque et extracardiaque).
Un ambitieux programme de développement clinique.
« Il est observé un arrêt des traitements AAR (tous traitements confondus) pour cause d’effets indésirables à un an, chez 9 à 23 % des patients, remarque le Pr Salem Kacet (CHRU de Lille). Les recommandations 2010 de l’ESC soulignent notamment que le choix du traitement AAR doit en premier lieu se baser sur des critères de tolérance plus que sur le maintien du rythme sinusal et, pour la première fois, elles mentionnent l’importance de réduire les hospitalisations comme un objectif thérapeutique essentiel. »
Multaq (dronédarone) découvert et développé par sanofi aventis, est un nouvel AAR indiqué spécifiquement dans la prise en charge de la FA paroxystique et persistante, sur la base de résultats d’un vaste et ambitieux programme international de développement clinique ayant inclus près de 7 000 patients et qui comprend six études de phases II et III. L’analyse combinée des études EURIDIS/ADONIS, à 12 mois versus placebo, démontre que Multaq, en complément des traitements standards, prévient les épisodes de FA non permanente. Ainsi, à un an, six patients sur dix traités par Multaq ne présentent pas de récidive symptomatique. D’autre part, le médicament permet une réduction de la fréquence cardiaque de -13,7 battements par minute. Un essai de grande envergure, l’étude ATHENA, a évalué l’impact de Multaq sur la comorbidité CV et a apporté, pour la première fois, des données cliniques de l’ARR sur les hospitalisations pour événements CV, versus un traitement standard. Les résultats démontrent que le risque de premières hospitalisations est réduit de 24 %. Le programme se poursuit avec l’étude PALLAS de phase IIIb qui évalue l’impact de Multaq sur la morbimortalité CV en cas de FA permanente.
Un bon profil de sécurité.
Les effets indésirables les plus fréquents sont des troubles gastro-intestinaux, majoritairement des diarrhées. Une élévation modérée de la créatinine ne justifie par l’arrêt du traitement car son mécanisme n’est pas révélateur d’une toxicité rénale. L’étude DIONYSOS a montré sous dronédarone un nombre significativement inférieur d’événements thyroïdiens et neurologiques versus l’amiodarone, ainsi qu’une tendance à moins d’événements cutanés et oculaires et moins d’arrêt prématuré.
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