Après des années de recherche, certains candidats médicaments pourraient obtenir, à court ou moyen terme, leur autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le traitement aigu ou préventif de la migraine. Actuellement, les recommandations reposent sur la prise d'antalgiques de niveau 1 en première intention (AINS, paracétamol, aspirine), la prescription de triptans en seconde intention, voire de dérivés de l’ergot de seigle (ergotamine), et la mise en place d’un traitement de fond si nécessaire. Ce traitement de fond est quotidien, il ne permet pas de faire disparaître totalement les crises de migraine mais vise à en diminuer leur fréquence et leur intensité. Il s’appuie la plupart du temps sur des médicaments non-spécifiques comme les bêtabloquants, antiépileptiques, antidépresseurs… et sur des antimigraineux anciens et peu nombreux (Nocertone, Sanmigran et Sibélium).
Avancée majeure
C’est dans ce contexte que de nouveaux médicaments pourraient trouver leur place sans peine. Trois familles de produits se trouvent à un stade avancé de R & D, dont la plus emblématique, celle des anticorps monoclonaux, pourrait être commercialisée dès le second semestre 2017 aux États-Unis. En effet, les bons résultats des études de phase III pour l’erenumab, co-développé par Novartis et Amgen qui ont déposé une demande d’AMM auprès de l’Agence américaine du médicament (FDA) le 18 mai, devraient permettre une commercialisation rapide. L’action d’erenumab a pour particularité de bloquer le récepteur de la protéine CGRP, responsable de crises de migraine. Il s’administre par voie sous-cutanée une fois par mois. Les autres anticorps monoclonaux en développement ciblent quant à eux directement le peptide relié au gène calcitonine (CGRP). Ainsi, Teva, qui développe le fremanezumab, a communiqué le 1er juin les bons résultats obtenus en étude de phase III. Son administration se fait par voie sous-cutanée tous les mois ou tous les trimestres. Le galcanezumab d’Eli Lilly, également en phase III, s’administre tous les mois par injection sous-cutanée. Seul l’eptinezumab de la biotech Alder Pharmaceuticals, aussi en phase III d’essais cliniques, prévoit une administration par intraveineuse une fois toutes les douze semaines.
À côté des anticorps monoclonaux, les ditans présentent d’autres espoirs. Ces agonistes sérotoninergiques pour le récepteur 5HT1F sont des dérivés des triptans. Un seul médicament de cette famille est en cours de développement, le lasmiditan, mais il est suffisamment avancé pour que le Laboratoire Eli Lilly annonce une demande d’AMM auprès de la FDA pour début 2018. Il s’agit en revanche d’un traitement aigu de la crise de migraine, tout comme l’upbrogepan. Ce dernier appartient à une autre classe thérapeutique : les gépans, des antagonistes du CGRP, qui ont été la cible de nombreux essais. Mais les premières molécules testées, si elles ont prouvé leur efficacité, engendraient un problème de toxicité hépatique qui a incité les laboratoires à les abandonner. Le traitement oral ubrogepant, racheté à MSD par Allergan en 2015, est actuellement en phase III d’essais cliniques pour le traitement aigu de la migraine et prévoit des résultats définitifs en octobre 2018. Le laboratoire développe également l’atogepant, un traitement oral anti-CGRP pour prévenir la migraine, et recrute actuellement les participants aux phases II et III d’essais cliniques dont il présentera les résultats fin 2017. L’ensemble de ces médicaments, bien partis pour atteindre le stade de la commercialisation, constitue une belle avancée dans le traitement de la migraine, la dernière innovation majeure dans ce domaine datant des années 1990 avec les triptans.
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