La maladie de Crohn, qui fait partie - avec la rectocolite hémorragique - des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) et se caractérise par une réponse anormale du système immunitaire vis-à-vis du microbiote intestinal est certes favorisée par une prédisposition génétique mais les facteurs environnementaux jouent un grand rôle. La maladie est en effet en forte augmentation en Amérique du Nord mais aussi en Europe, en Chine et en Inde (dans les villes), et les cas, sont, semble-t-il, plus graves.
Ce phénomène, lié à l’américanisation de l’alimentation - notamment l’insuffisance de fruits et de légumes, l’utilisation massive d’émulsifiants et de conservateurs -, au tabagisme et à la pollution, est donc mondial. En France, d’après les données de l’assurance-maladie et du registre EPIMAD qui collige depuis 1988 les cas de MICI du Nord de la France, l’incidence de la maladie, déjà de 5,2 pour 100 000 habitants en 1988-1990 est passée à 6,7 pour 100 000 en 2006-2007 et continue de croître. Cette augmentation touche tout particulièrement les jeunes de 10 à 19 ans. Aujourd’hui, plus de 100 000 personnes souffrent de la maladie de Crohn, le plus souvent diagnostiquée entre 20 et 30 ans, mais elle reste parfois méconnue, ce qui peut conduire à des diagnostics tardifs. En dépit des traitements - aminosalicylés, corticoïdes, immunosuppresseurs et, depuis une vingtaine d’années, anti-TNF - la vie de ces malades est souvent difficile, en particulier dans les formes modérées et sévères.
Un autre mécanisme d’action
Les anti-TNF ont certes constitué une avancée majeure dans la prise en charge de la maladie de Crohn, mais ils ne la guérissent pas et ils ne « marchent » pas chez tous les patients. Selon le Pr Matthieu Allez, gastro-entérologue du CHU Saint-Louis (Paris), « 30 % des malades d’emblée ne répondent pas au traitement et chez 30 % des répondeurs, l’efficacité diminue avec le temps. Plus de 50 % des patients traités par anti-TNF n’en bénéficient donc pas ou pas durablement ».
Jusqu’ici, la seule possibilité était alors de changer d’anti-TNF mais, là encore, avec un taux d’échec élevé. L’ustekinumab (Stelara) n’est pas non plus un traitement curatif. Mais son mécanisme d’action innovant en fait une nouvelle option thérapeutique pour les patients adultes ne répondant pas ou insuffisamment aux traitements conventionnels ou à un anti-TNF alpha, ou encore présentant une contre-indication à ces traitements. L’ustekinumab est le premier anticorps monoclonal inhibiteur des interleukines 12/23 à avoir obtenu son AMM dans la maladie de Crohn. Une AMM basée sur les données issues des études multicentriques de phase III (UNITI-1, UNITI-2, IM-UNITI) portant sur 1 400 patients atteints de formes modérées à sévères. Environ deux tiers des patients répondent au traitement par Stelara, un pourcentage important chez les patients en échec aux anti-TNF, et cet effet est durable. Les résultats préliminaires d’une étude endoscopique ont même mis en évidence une réduction des lésions de la muqueuse intestinale. Enfin, son profil de sécurité d’emploi est comparable à celui établi dans le traitement du psoriasis et du rhumatisme psoriasique.
* D’après une conférence de presse du Laboratoire Janssen.
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