Dénonçant depuis longtemps le « retard français » en matière de cannabis médical, l’UFCM salue « l’avancée historique » de la future expérimentation, mais regrette ses nombreuses restrictions et son côté « usine à gaz ». Aujourd’hui, 37 pays, dont une vingtaine en Europe, autorisent le cannabis médical, le Luxembourg étant, il y a 6 mois, le dernier à avoir rejoint cette liste.
Mais l’autorisation totale de prescription, ainsi que la vente en pharmacie, restent une perspective lointaine, constatent les pharmaciens présents à cette journée. De plus, selon le Pr Alexandre Maciuk (faculté de Châtenay-Malabry), « on parle encore trop peu du cannabis thérapeutique dans les facultés de pharmacie, alors que la délivrance sera a priori complexe et personnalisée ». Selon lui, ce thème doit au moins, dans un premier temps, être abordé dans le cadre de la formation permanente. Venu présenter les différentes formes et voies d’administration du cannabis, il en a rappelé la complexité chimique et la variabilité, dont la maîtrise est indispensable à une bonne utilisation pharmaceutique et médicale. Il a souligné, en outre, les enjeux économiques d’une future politique du cannabis dans laquelle la France, leader européen du chanvre à fibres utilisé dans l’industrie, a de bonnes cartes à jouer.
Stéphane Robinet, pharmacien exerçant dans le domaine des addictions et de la réduction des risques, constate lui aussi que « les pharmaciens ne sont pas du tout préparés au cannabis médical », mais souligne que leur métier leur permet « de s’ adapter rapidement à la délivrance de tout nouveau médicament, comme ils le font d’ailleurs lors de l’arrivée de chaque nouveau produit ». Reste à savoir quel sera leur « enthousiasme » face à au cannabis, qui continue à diviser, à tort selon lui, le monde de la médecine et de la pharmacie.
Ne pas rater le coche
Patient et fondateur de l’UFCM, Bertrand Rambaud verrait favorablement l’arrivée du cannabis médical dans les pharmacies françaises, mais pas à n’importe quelles conditions : « J’en ai acheté dans des pharmacies hollandaises à 7,20 euros le gramme, mais aussi à 12 euros dans des pharmacies allemandes… par contre les pharmacies italiennes le vendent 40 euros et, là, personne n’en achète. » Stéphane Robinet estime, lui, que si le cannabis est remboursé en France, les prix resteront modérés, comme ils le sont pour les médicaments.
Enfin, si les journées présentent régulièrement des pays dans lesquels les pharmaciens s’impliquent avec succès dans le cannabis médical, il existe aussi des pays où ils brillent par leur absence. Au Canada, les pharmaciens ont totalement « manqué le coche » de sa distribution, explique Véronique Lettre, fondatrice d’une clinique spécialisée sur les traitements à base de cannabis. Outre le fait que le cannabis n’est pas considéré comme un médicament, les pharmaciens, surtout au Québec, se sont longtemps fortement opposés à son usage médical, si bien qu’aujourd’hui les médecins, les cliniques et les patients commandent directement auprès des producteurs, sans aucun intermédiaire. Le cannabis peut même être pris en charge par les assurances, pour une vingtaine d’indications.
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