Pour Swissmedic, c'est une décision de santé publique visant à réduire le risque de contrefaçon de médicaments et à inciter les PrEPeurs à se fournir dans une pharmacie, sous le contrôle d'un professionnel de santé. Mais pour les associations d'usagers, la restriction de 3 mois à 1 mois de traitement pouvant être importé équivaut à une limitation de l'accès à la prophylaxie pré-exposition (PrEP).
Car en Suisse, si la PrEP est autorisée depuis 2016, elle ne bénéficie d'aucune prise en charge. En outre, le médicament de la PrEP, le Truvada (emtricitabine + ténofovir) n'y est pas encore génériqué, son brevet courant jusqu'en 2021. Son prix ? 800 euros. Ce qui pousse les usagers à se fournir par deux autres moyens légaux : les centres médicaux spécialisés qui se procurent le générique à l’étranger pour 100 francs suisses (88 euros) le traitement mensuel, et les fournisseurs agréés se trouvant en Inde, au Brésil ou en Afrique du Sud, pour 80 francs suisses (70 euros). C'est ce dernier mode d'approvisionnement que Swissmedic souhaite limiter après des saisies de contrefaçon. En revanche, l'agence souligne que tout usager peut demander à une pharmacie suisse d'importer trois mois de ce traitement provenant d'un pays voisin autorisant la PrEP et bénéficiant de génériques du Truvada.
Contournement légal
Le groupe PrEP NOW !, créé par le Groupe sida Genève et l'association Dialogai, ne l'entend pas de cette oreille et a lancé une pétition en ligne « Rendez-nous notre PrEP ! » adressée au conseiller fédéral Alain Berset pour que la quantité de médicaments importés personnellement revienne à un équivalent de trois mois de traitement. La limitation actuelle rend « l'accès à la PrEP de manière fiable et régulière impossible » en raison du « temps d'acheminement postal », des « retards fréquents dans le processus de dédouanement » et de « la fréquence des retenues de colis par l'Administration fédérale des douanes ordonnées par Swissmedic ».
De plus, selon PrEP NOW !, lorsque les douanes saisissent un colis contenant plus d'un mois de traitement, le destinataire doit régler des frais de destruction s'élevant de 300 à 400 francs suisses (270 à 360 euros). Toujours d'après PrEP NOW !, il reste « possible pour une personne de commander pour son usage personnel trois mois, voire plus, de médicaments à condition que la livraison soit répartie de manière à respecter le maximum d’un mois par colis ». Un contournement légal du contingentement qui n'est pas satisfaisant pour les pétitionnaires.
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