SELON L’ACTUELLE classification de l’International Headache Society (IHS), les céphalées chroniques quotidiennes (CCQ) sont des céphalées se produisant plus de 15 jours par mois et plus de 4 heures par jour en l’absence de traitement, depuis plus de 3 mois, sans substratum lésionnel ou symptomatique. « C’est en amont qu’il faut d’abord intervenir, déclare le Dr Michel Lanteri-Minet, car dans de nombreux cas, ces céphalées sont la conséquence d’un abus médicamenteux. C’est le premier élément à rechercher et c’est le seul sur lequel on peut agir immédiatement. En l’absence d’abus manifeste, il faut sevrer le patient et observer l’évolution à 2 mois. Si la CCQ persiste, il s’agit d’une migraine chronique, si elle disparaît, c’est un abus médicamenteux ».
Selon les derniers critères, la CAM est une céphalée présente au moins quelques jours par mois chez un patient ayant une céphalée préexistante, le plus souvent une migraine car celle-ci est un facteur de risque d’abus médicamenteux; l’abus doit être régulier depuis plus de 3 mois et concerner un ou plusieurs médicaments utilisés dans les céphalées. Le retour à l’expression épisodique après sevrage a disparu des critères des nouvelles recommandations. En outre, la CAM, implique la mono-utilisation d’un antalgique simple (paracétamol, aspirine, AINS) pendant 15 jours par mois et le recours à un traitement spécialisé ou non spécialisé avec des médicaments à plusieurs principes actifs et/ou en association pendant 10 jours par mois.
Chercher les facteurs de risque.
« Il serait intéressant, quand on prend en charge une CCQ, note M. Lanteri-Minet, de mettre en évidence certains facteurs laissant présager une évolution vers la CAM, en particulier le type de médicaments
utilisés ». Ainsi une étude américaine (Marcelo Bigal, 2005) sur 24 000 adultes a montré que l’utilisation des opiacés et des barbituriques est un facteur de risque de chronicité, du fait, probablement, de l’effet psycho-actif de ces produits. Les traitements recommandés, triptans et AINS, ne sont pas un facteur de risque global mais le deviennent quand la migraine est épisodique fréquente. En revanche, les AINS semblent avoir un effet protecteur en cas de migraine épisodique à faible fréquence. « On ne connaît pas les raisons de tels effets, note M. Lanteri-Minet. Pour les auteurs de l’étude, les CAM se diviseraient en deux groupes : un sous triptans et AINS avec peu de dépendance, l’autre sous opiacés et barbituriques à forte dépendance ».
(*) Société Française d’Etudes des Migraines et Céphalées (SFEMC), Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD); Association des Neurologues Libéraux de Langue Française (ANLLF).
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