L’ÉTUDE RE-LY, dont les résultats ont été présentés au congrès de l’European Society of Cardiology (ESC), à Barcelone, et publiés en ligne par le New England Journal of Medicine, a fait grand bruit au sein de la communauté cardiologique. Avec plus de 18 000 patients, elle confirme l’efficacité d’un inhibiteur de la thrombine, le dabigatran, dans la prévention des AVC et des embolies systémiques chez les patients atteints de fibrillation atriale (FA).
Les participants, en majorité des hommes, âgés de 71 ans en moyenne, avaient une FA et au moins un autre facteur de risque : antécédent d’AVC ischémique, d’accident ischémique transitoire (AIT) ou d’embolie systémique; âge supérieur ou égal à 65 ans ; diabète; antécédent coronarien ou HTA. Ils ont été répartis en trois groupes, l’un a été mis sous warfarine, les deux autres sous dabigatran, avec, de façon aléatoire, l’une des deux doses évaluées : 110 et 150 mg deux fois par jour. L’étude a duré deux ans avec un suivi minimal d’un an.
Baisse des risques d’AVC et d’embolie.
Par rapport à la warfarine, les deux doses de dabigatran ont démontré leur non-infériorité. La plus faible dose a assuré une baisse des risques d’AVC et d’embolie similaire à celle observée sous warfarine, avec une moindre incidence d’hémorragies sévères (p = 0,003). La plus forte dose s’est avérée plus efficace que la warfarine, avec une diminution de 34 % des risques d’AVC et d’embolie systémique (p ‹ 0,001) sans augmentation des saignements majeurs. Les deux dosages ont été associés à une diminution des AVC hémorragiques avec une réduction du risque relatif de 74 et 69 % respectivement. À noter seulement une augmentation des saignements gastro-intestinaux sous dabigatran 150 mg deux fois par jour.
La surveillance des transaminases tout au long de l’étude a confirmé l’absence de toxicité hépatique de cet inhibiteur direct de la thrombine. Les troubles dyspeptiques ont été les seuls effets indésirables signalés plus souvent par les sujets sous dabigatran. Autre résultat inattendu et inexpliqué : dans le groupe dabigatran, une petite augmentation de l’incidence des infarctus du myocarde, à la limite de la significativité statistique.
Le dabigatran présente en outre un incontestable avantage : il ne nécessite ni surveillance biologique, ni ajustement posologique. De plus, il n’a pratiquement aucune interaction alimentaire, ni pharmacologique. Cet inhibiteur de la thrombine est commercialisé par Boehringer Ingelheim sous le nom de Pradaxa dans le cadre de la prévention primaire des accidents thromboemboliques veineux liés à la chirurgie programmée pour une prothèse totale de hanche ou de genou. Les résultats de RE-LY devraient ouvrir la voie à une nouvelle indication et changer la prise en charge des patients atteints de FA, compte tenu des contraintes d’utilisation et de surveillance des AVK. Pour Stuart Connolly (Hamilton, Canada), qui présentait l’étude, les deux doses de dabigatran présentent des avantages ; l’un est plus efficace, l’autre mieux toléré que la warfarine, ce qui pourrait permettre d’affiner la prescription en fonction du profil de chaque patient.
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