L’ARTHROSE reste une maladie incurable, c’est pourtant la première cause d’incapacité fonctionnelle après 40 ans. Cette affection souffre d’un déficit d’image et de communication car elle ne grève pas le pronostic vital. Pourtant, les mécanismes moléculaires impliqués restent largement inconnus, ses origines sont multifactorielles (âge, traumatismes, obésité), les profils des patients sont très variés, et il est difficile de définir le pronostic à un stade précoce. Aussi, les instances européennes ont-elles décidé d’agir et d’inscrire l’arthrose comme une priorité dans l’Europe de la recherche « Horizon 2020 ». La Fondation Arthritis, en partenariat avec Aviesan (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé), s’inscrit dans la première phase de ce plan de recherche 2020 en rhumatologie ; elle lance et finance un programme scientifique d’excellence porté par le réseau ROAD. Pour la première fois en France, sept laboratoires localisés sur tout le territoire national vont travailler ensemble et en synergie sur l’arthrose, et plus spécifiquement sur la recherche de cibles thérapeutiques efficaces. Trois objectifs précis sont inscrits au programme de ce projet ambitieux. Après avoir reproduit les différentes formes d’arthroses chez des souris, le groupe de chercheurs dirigé par le Pr Francis Berenbaum, unité INSERM UMRS 938, tente de découvrir et de comprendre les mécanismes qui déclenchent la dégradation prématurée du cartilage, puis d’identifier les sous-groupes de patients arthrosiques et les molécules spécifiques de chaque type d’arthrose. Une première étape vers la mise au point de traitements ciblés et l’identification des biomarqueurs de la maladie.
Une biobanque et des biomatériaux.
Le travail piloté par le Pr François Rannou, INSERM U1124, se situe à l’interface entre cliniciens et chercheurs : sa mission est de créer la première banque nationale de tissus humains arthrosiques. Concrètement, les scientifiques vont collecter, avec le consentement éclairé des patients, du tissu de genoux arthrosiques après pose de prothèses. Chaque tissu (synovial, cartilage, os sous-chondral) sera classé selon différentes caractéristiques biologiques (âge, sexe, origine) et répertorié selon des règles très précises inhérentes au type d’échantillon et sa traçabilité. Ces échantillons biologiques seront associés à des prélèvements de tissus faits sur des articulations saines. Cette biobanque tissulaire, mise à disposition des chercheurs du monde entier qui en feront la demande, devrait permettre de mieux comprendre les mécanismes d’altération de l’état de santé, de diagnostiquer la pathologie plus précocement, de prévoir son évolution et de mettre au point des traitements personnalisés.
À Montpellier, les équipes du Pr Christian Jorgensen, unité INSERM U844, travaillent sur la thérapie d’avenir des cellules souches mésenchymateuses (CSM), capables de se transformer en cellules osseuses ou cartilagineuses et de s’autorenouveler afin de régénérer le cartilage ou le remplacer. Le groupe, dirigé par Jérôme Guicheux, INSERM U791 à Nantes, s’intéresse aussi à cette médecine régénérative et suit également la piste prometteuse des biomatériaux pour véhiculer ces cellules souches jusque dans l’articulation, sans qu’elles soient éliminées ni dispersées. Parmi les matériaux utilisés, on trouve des métaux, des céramiques, des polymères ; depuis peu des biomatériaux hybrides « intelligents » intègrent des molécules biologiquement actives (facteurs de croissance) et des cultures in situ de cellules souches pour renforcer leur potentiel de réparation. Autre piste de recherche : utiliser les CSM pour libérer des substances qui envoient un signal aux propres cellules du patient pour réparer les dommages. On peut aussi imaginer des cellules « encapsulées » qui pourraient transporter des anticorps dirigés contre une protéine qui s’exprime dans l’arthrose.
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