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LA DÉMARQUE inconnue, différence entre le stock théorique et le stock réel dans une officine, se répartit entre les vols à l’étalage de clients (environ 50 %), les vols internes par les employés (environ 30 %), et les erreurs de fournisseurs ou les erreurs administratives (environ 20 %).
D’après le baromètre mondial du vol dans le commerce et la distribution 2011, que ce soit dans les chaînes de magasins spécialisés, les pharmacies, les supermarchés ou les grands magasins, les articles de soins et beauté les plus volés sont les produits de rasage, les parfums et eaux de toilette, les rouges à lèvres, gloss et crayons à lèvres. Le vol de soins de cheveux était également en hausse de 39 % par rapport à 2010. Cette hausse de la démarque inconnue s’explique par une professionnalisation du vol, les voleurs déjouant de plus en plus les systèmes de sécurité.
Générateurs de brouillard.
Alors comment lutter ? Le système d’alarme est souvent le premier équipement d’une officine pour empêcher le vol en dehors des heures d’ouverture. Sur certains sites, le système traditionnel de sirène peut suffire. Sur d’autres sites, l’alarme servira seulement à informer qu’un vol vient d’être commis. Pour éviter ce vol, il peut être intéressant de compléter le système d’alarme avec des générateurs de brouillard. C’est ce qu’explique Gabriel Emering, de la société Access France : « notre principe consiste à enfumer le magasin dès l’alarme et avant même que le voleur ait eu le temps d’entrer ».
Les caméras de vidéosurveillance s’installent aussi dans les officines : reliées aux écrans de contrôle eux-mêmes intégrés aux postes informatiques (avec possibilité de fenêtre pop-up sur l’écran de travail), elles permettent de surveiller pour intercepter ou enregistrer un vol. Les options ne manquent pas : observation à distance (sur PC mais aussi sur smartphone), télécommande faisant office d’alarme en cas d’agression, lien avec une société de surveillance… « Un des points forts des caméras de surveillance est leur pouvoir de dissuasion, qui nécessite de bien les mettre en évidence en suivant un concept bien défini », explique Gabriel Emering, qui conseille de les installer suffisamment bas, d’en installer une systématiquement à la sortie, éventuellement au-dessus d’un portique antivol et de les équiper d’un témoin lumineux.
Dissuasion.
Les portiques antivols et étiquettes électroniques sont eux aussi un excellent moyen de dissuasion. Plusieurs systèmes existent : l’acoustomagnétique, la radiofréquence et l’électromagnétique. L’étiquette installée sur le produit à protéger est munie d’un circuit électronique qui emmagasine de l’énergie lorsqu’elle passe entre les antennes, se charge et émet un signal vers ces antennes si elle n’a pas été désactivée. Nous sommes entourés au quotidien de ces systèmes : aux péages des autoroutes, aux bornes de métro, aux caisses automatiques…
La radiofréquence présente plusieurs avantages, selon Patrice Bahuaud, directeur général de Checkpoint Systems France : des étiquettes de plus en plus petites (jusqu’à 2,5 cm x 2,3 cm), un mode de désactivation fiable (le système électronique cassant un fusible sur les étiquettes), et la possibilité de s’adapter à la RFID (cette dernière technologie se développe progressivement et permet l’identification d’un produit et donc sa traçabilité, facilitant ainsi les inventaires et la gestion de stocks). De façon générale et pour optimiser l’efficacité du système, il conseille aussi un étiquetage à la source plutôt qu’au point de vente et insiste sur l’intérêt de manager les équipes qui se serviront de ces étiquettes.
3 000 à 5 000 euros.
L’acoustomagnétique est une autre technique utilisée, pour différentes raisons. Par exemple, explique Alban Perreul, de la société AES protection, le format des étiquettes (étiquettes en longueur de type 4x1cm) pour s’adapter aux petits produits de l’officine, la possibilité de les insérer à l’intérieur de l’emballage et de les installer sans contrainte sur des emballages métallisés sans risquer de les désactiver (on retrouve ces packagings métallisés dans des gammes dorées ou argentées de type Caudalie ou Liérac). Le coût de ces systèmes revient à environ 3 000 à 5 000 euros en moyenne, comprenant les portiques, les tables de désactivation (qui sont fonction du nombre de comptoirs), et le premier lot d’étiquettes. Ce qu’il faut protéger en priorité ? D’après Alban Perreul, les demandes concernent majoritairement la parapharmacie, en particulier les gammes les plus chères et quelques autres soins répandus (soins intimes, crèmes hydratantes…). La mise en libre accès de médicaments, en revanche, ne semble pas avoir incité les pharmaciens à protéger ces médicaments.
Et pour contrer les voleurs « aventuriers » qui viennent jusqu’au comptoir munis de leur billet qui n’en est pas un, le détecteur de faux billet est une solution rapide et peu coûteuse. Il peut combiner différents systèmes de détection pour déterminer l’authenticité d’un billet : rayonnement ultraviolet, mais aussi lumière blanche (vérification du filigrane), système loupe (vérification de microcaractères et fil métallique), capteur (vérification de dispositif magnétique). Pour un système complet et automatique, il faut compter environ 100 euros.
Autant de solutions complémentaires, à adapter aux besoins de chacun, et dont le retour sur investissement peut être rapide : en 2009, la démarque inconnue représentait 1,35 % du chiffre d’affaires (plus de 20 000 euros par officine). Alors, à vos démarques, prêts, parez !
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