L'histoire de Fahrenberger débute en Allemagne, au sortir de la seconde guerre mondiale. Bonn, ville de moyenne envergure implantée de part et d'autre du Rhin, est connue pour abriter la maison de Beethoven, lieu de naissance du célèbre compositeur, transformé en musée.
Dans un tout autre domaine, il est vrai, la cité compte cependant une autre pointure, cette fois en devenir : un jeune artisan du nom d'Emmanuel Fahrenberger. Menuiser de profession, il est bien décidé à créer sa propre entreprise. Un projet qu'il concrétise en 1945 en se lançant dans la fabrication d'huisseries – portes, fenêtres — mais aussi de meubles de cuisine. De l'office à l'officine, il n'y a qu'un pas… que la petite structure franchit trois ans plus tard, en 1948, à l'occasion du réaménagement de la pharmacie au sein de la clinique de l'université. Pour Emmanuel Fahrenberger, l'expérience s'avère décisive, au point de sceller la destinée de son entreprise. La pharmacie devient son cadre de réalisation privilégié si bien que, un an seulement après avoir finalisé l'aménagement de sa première officine, il est déjà un acteur reconnu au niveau régional et compte à son actif une cinquantaine d'installations.
Les années 1950 s'amorcent à peine que l'entreprise connaît une première révolution. Empreint d'une créativité tout artisanale, Fahrenberger a l'idée d'empiler les tiroirs pour optimiser l'espace dans le back-office. Ainsi naissent les premières colonnes-tiroirs en Allemagne, une invention qui sera exportée aux Pays-Bas huit ans plus tard. Puis, c'est au tour de la Belgique d'accueillir les réalisations de l'enseigne avant qu'elle ne s'implante en France, en Autriche et en Suisse.
Révolutions
Sortie de ses frontières pour devenir européenne au cours des années 1960, l'entreprise va connaître sa seconde révolution. En collaboration étroite avec le répartiteur Schulze, Siemens et Sel, les équipes Fahrenberger développent le premier système de transmission des commandes automatisée. Basé sur l'utilisation conjointe d'une mini-carte électronique et d'un lecteur de carte, le procédé emprunte la ligne téléphonique pour communiquer. Dans la foulée, l'entreprise conçoit un tiroir à grande capacité dans un souci d'optimisation des stocks. Voué à entreposer la réserve, les grands conditionnements et les conditionnements hospitaliers, il est couplé au système de mini-cartes développé un peu plus tôt par l'enseigne pour former un modèle de gestion des stocks. Nommé FB 2000, il sera présenté au salon des pharmaciens allemands en 1969. Grâce à ce système d'organisation rationnelle pour la gestion de l'activité officinale, Fahrenberger s'impose comme le leader européen de l'agencement en pharmacie. Les années 1970 seront celles de la consécration. En France, l'enseigne réunit les répartiteurs pour créer le code CIP qui remplacera les systèmes de numérotation utilisés indépendamment par chaque répartiteur. En collaboration avec l'OCP, CERP-Rouen et Île-de-France Pharmaceutique, elle définit les 8 000 produits qui bénéficieront de la première série de ses minicartes, un système qui, par la suite, équipera 18 000 pharmacies. Parallèlement, Fahrenberger investit tout l'Hexagone et installe son siège à Nancy.
Quand s'annoncent les années 1980, une troisième révolution est déjà à l'œuvre. Non content d'avoir transformé le back-office et rationalisé sa gestion, l'agenceur se concentre cette fois sur l'espace de vente qu'il entend bien redéfinir. Son concept, baptisé F3, repense toute l'organisation de l'officine. Sous son impulsion, l'espace client est élargi, l'offre produit augmentée, les comptoirs éclatés pour favoriser la confidentialité. La décennie 1990 est à l'avenant. Fahrenberger renforce sa présence en Europe ainsi qu'en France et élit la capitale pour y déplacer son siège. Par souci de proximité avec les pharmacies, de nouvelles agences sont ouvertes sur tout le territoire européen. Si bien que c'est réseau très dense d'entités Fahrenberger que doit gérer Jean-Marc Dominguez lorsqu'il reprend les rênes du groupe en 1999.
L'avenir pour dimension
Sous l'effet de sa nouvelle direction, Fahrenberger révise son orientation pour privilégier une vision au cas par cas. L'outil informatique devient alors un poste d'investissement massif dans lequel DAO (dessin assisté par ordinateur) et CAO (conception assistée par ordinateur) occupent une place prépondérante. Des projets audacieux, toujours plus réalistes, prennent forme sous l'impulsion d'outils tels que les Atmospharms, guides d'inspiration capables de créer des ambiances suggestives correspondant aux aspirations profondes et émergentes de la société. Pour Jean-Marc Dominguez, PDG du groupe, « parler d’Atmospharms, c’est utiliser des mots qui donnent à voir, à ressentir pour construire ensemble l’univers de la future officine ». Avec plus de 180 réalisations par an, Fahrenberger poursuit sur sa lancée et devient un partenaire privilégié de l'officine, plus particulièrement dans les projets de transfert.
Au seuil des années 2010, le groupe a acquis ses lettres de noblesse en devenant « Expert en développement d'officine ». De nombreuses compétences - architecte d’intérieur, graphiste, designer mobilier, merchandiser, spécialiste en communication et identité visuelle, maîtres d’œuvre - sont alors internalisées. Dans le même temps, un protocole d'accompagnement des projets (la méthode 360°) est développé afin d'assister au mieux les pharmaciens dans leur démarche. De nouveaux concepts voient également le jour comme Herbioshop, un modèle d'herboristerie moderne dans lequel circuits courts, valeurs bio et éthiques se conjuguent. L'innovation, qui était un principe fondateur de l'entreprise, atteint une autre dimension dans l'imaginaire du groupe qui ne conçoit l'avenir sans cette carte maîtresse.
Une orientation forte que les équipes de Recherche & Développement suivent en multipliant les lancements : Easyshop Santé, premier concept pour l'OTC en libre accès, Shop in Shop, Phygital, DIY (« Do It Yourself »)… Pour Jean-Marc Dominguez, l’évolution du métier de pharmacien et de son rôle offre de nombreuses possibilités de développement. Des opportunités qui sont à saisir maintenant. « La pharmacie s’adresse aujourd’hui principalement aux personnes malades. Il est important que le rôle du pharmacien évolue afin qu’il traite la santé de manière plus générale. Plus de conseil, plus de service, plus de produits, plus de personnalisation, la pharmacie doit proposer plus et doit affirmer son rôle sociétal fort. » Dans ces défis que constituent les nouvelles missions de l'officine, Fahrenberger entend bien accompagner les pharmaciens en proposant des projets novateurs permettant d’intégrer la tenue des entretiens, l'éducation thérapeutique, les parcours de santé (…), tout l'avenir d'une profession en perpétuelle évolution.
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