La téléconsultation en officine

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Publié le 18/01/2022
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Autrefois quasi-inconnue – elle ne représentait que 0,04 % des consultations des médecins en 2019, contre 4,4 % en 2020 selon l’assurance-maladie –, la téléconsultation est aujourd’hui plébiscitée par les Français, qui sont 74 % à être favorable à son développement, notamment dans le contexte de la numérisation des officines.

Crédit photo : Phanie

1- Pourquoi s’équiper ?

La téléconsultation en officine, qui permet de mettre en contact le patient avec un médecin à distance, est un moyen efficace de maintenir le suivi des patients et de répondre aux besoins de consultations courantes tout en réduisant l’engorgement des cabinets médicaux et des hôpitaux. Elle accentue également le rôle de soignant de proximité du pharmacien, qui assiste le patient lors de la téléconsultation, que ce soit pour l’utilisation du matériel ou la prise de diagnostic.

La téléconsultation constitue un avantage de taille pour une pharmacie qui offre à sa patientèle un accès rapide et facile à un généraliste ou un spécialiste. Un atout particulièrement important pour les officines situées dans une zone de désert médical. La téléconsultation est aussi très utile pour les patients souffrant de pathologies chroniques impactant de manière notable leur état de santé et leur mobilité.

2- Construire un réseau

Mais avant de se lancer, la problématique locale doit être prise en compte : y a-t-il une demande de la patientèle ? Quel est son profil, s’agit-il de personnes âgées, à mobilité réduite, ayant besoin d’accéder à des spécialistes ? Le pharmacien peut aussi s’entretenir avec les professionnels de santé des environs en amont afin de s’assurer qu’il pourra tirer le plein potentiel d’une cabine de téléconsultation. En s’accordant avec eux, il peut devenir un point de référence pour permettre aux habitants d’entrer en contact avec les spécialistes de la région. Rappelons qu’il s’agit d’un investissement conséquent en temps, en espace et en argent, qui n'est pas forcément adapté à toutes les officines. Le choix doit donc être bien réfléchi.

3- L’équipement demandé

En France, les conditions d’applications de la téléconsultation sont précisées par l’avenant n° 15 à la convention nationale pharmaceutique. Ce dernier a été conclu le 6 décembre 2018 entre l’UNCAM, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), puis publié le 6 septembre 2019 au « Journal officiel ».

Pour permettre la téléconsultation, le pharmacien doit disposer d’un local fermé et suffisamment isolé pour garantir l’intimité des patients, ainsi que la confidentialité des échanges avec le médecin et le/la spécialiste. En plus de l'équipement nécessaire à la vidéotransmission et à la bonne installation des patients (écran, webcam, connexion Internet…), le pharmacien doit également se doter a minima des outils médicaux connectés suivants : un stéthoscope, un otoscope, un oxymètre et un tensiomètre. D’autres appareils, comme un dermatoscope, un thermomètre ou une balance connectée, peuvent être utilisés ultérieurement dans le cadre de l’expansion des activités de télémédecine de la pharmacie.

4- Borne, ordinateur ou tablette, que choisir ?

Qui dit téléconsultation dit vidéotransmission. Aujourd’hui, de très nombreuses options s’offrent aux pharmaciens, avec des prix à l’achat ou des abonnements qui vont de quelques dizaines à plus d’un millier d’euros par mois. Certaines pharmacies s’équipent de bornes tactiles, avec écrans et appareils connectés intégrés. D’autres choisissent un ensemble comprenant un ordinateur ou une tablette avec webcam, et il existe également des cabines insonorisées et opaques, qui sont de véritables cabinets miniatures. De nombreux opérateurs (Qare, Medaviz, Tessan, Visiomed Group, H4D, Medeo, Cegedim, BewellConnect, Doctegestion, Medadom…) proposent des offres comprenant le matériel, un logiciel de téléconsultation, les appareils médicaux connectés nécessaires, ainsi qu’une formation à l’utilisation de ces derniers et leurs propres réseaux de médecins et de spécialistes. Là encore, tout dépend des moyens et de la taille de la pharmacie, ainsi que du nombre de ses patients qui seront pris en charge.

À noter que si le pharmacien décide d’installer une cabine de consultation, cette dernière ne peut pas occuper un espace au sol de plus de 2 m2 et doit pouvoir accueillir les personnes à mobilité réduite.

5- Financements et prise en charge

Le pharmacien peut compter sur le soutien financier de l’assurance-maladie, qui verse une participation forfaitaire de 1 225 euros la première année, puis de 350 euros les années suivantes. Pour obtenir ce financement, il faut déclarer l’équipement de l’officine en ligne sur amélipro et, les années suivantes, la réalisation d’au moins une téléconsultation par an.

Le pharmacien perçoit également une prime annuelle relative au volume de consultations annuel effectué. Elle s’élève à 200 euros entre 1 et 20 téléconsultations, 300 euros entre 21 et 30 téléconsultations et 400 euros au-delà. Cette prime est conditionnée à la cotation de la téléconsultation par le médecin et à sa prise en charge par l’assurance-maladie. Le pharmacien doit renseigner le numéro d'identification du médecin téléconsultant dans la zone prescripteur et la date de téléconsultation comme date de prescription et d’exécution dans la facture.

Côté patient, la téléconsultation est prise en charge à 100 % par l’assurance-maladie. Cette prise en charge, qui devait être effective jusqu'au 31 décembre dernier, a été étendue jusqu'au 31 juillet 2022 par un arrêté gouvernemental introduit au sein du projet de loi renforçant les outils de gestion de la crise sanitaire. Un geste décrié par les complémentaires santé.

 

François Tassain
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Source : Le Quotidien du Pharmacien