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Les onduleurs, ces grands méconnus de l’officine

Publié le 26/04/2012
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Protéger ses matériels contre les coupures de courant peut paraître superflu, c’est néanmoins un poste important de la sécurité globale non seulement du système informatique, mais aussi d’outils importants comme les robots, automates et frigos. Le risque ne porte pas tant sur les matériels eux-mêmes que sur les données qu’ils abritent. Il n’est pas nécessaire de tout protéger de la même façon, les postes de travail par exemple peuvent en être dispensés. En revanche, sécuriser le serveur est quasiment indispensable.
La protection électique ne se limite pas aux onduleurs

La protection électique ne se limite pas aux onduleurs
Crédit photo : dr

LES UNS PENSENT que c’est une coquetterie, les autres un non sujet, et pour la plupart, c’est transparent. Parce que les éditeurs s’en chargent ou parce que cela ne représente pas un véritable enjeu. Les onduleurs, qui protègent le matériel contre les coupures de courant, sont les grands oubliés de l’équipement informatique en officine. « Nous pensions que c’est un sujet maîtrisé par les pharmaciens, la réalité montre qu’il ne l’est pas » estime ainsi David Derisbourg, responsable marketing d’Isipharm. « Ils ne voient pas l’intérêt de mettre de l’argent sur ces produits. » La raison principale de ce désintérêt ? Peut-être, comme le souligne Fabrice Radet, responsable technique groupe de Pharmagest, « parce que ce n’est pas un outil de travail, mais une protection. » Juste une protection, pourrait-on dire.

Faut-il absolument protéger le système informatique contre les coupures de courant ? Tous les acteurs du marché répondent par l’affirmative. Mais s’ils conseillent fortement cette protection, presque aucun ne considère que c’est une brique indispensable au système qui la rend donc obligatoire. Les raisons de se protéger sont d’abord liées à l’extension du phénomène d’aléas électriques. « Entre les travaux de voirie qui s’étendent et le changement climatique qui conduit à des coupures de courant plus fréquentes, le risque augmente avec le temps » note ainsi Xavier Richard, gérant d’Arilog, un des rares acteurs du marché à « imposer » les onduleurs à ses clients quand ils s’équipent de serveurs. Ce n’est pourtant pas que le matériel lui-même soit menacé, les machines sont aujourd’hui suffisamment solides pour supporter des ruptures intempestives de courant, ou des surtensions. Mais attention, « une chute de courant peut détruire un composant électronique, perturbant ainsi le système informatique » prévient Olivier Zuntini, responsable intégration d’Alliadis. « Cela dépend aussi beaucoup de la qualité des systèmes informatiques, tous ne réagissent pas de la même manière. »

Attention aux microcoupures.

Paradoxalement, il faudrait presque craindre plus les microcoupures de courant, non perceptibles, et susceptibles de perturber non pas tant les systèmes eux-mêmes, que l’enregistrement des données. La menace la plus importante reste dans la sauvegarde des données pendant ces microcoupures, et ce d’autant plus que ces dernières ne se remarquent pas. Une base de données non protégée risque ainsi d’être affectée dans sa gestion quotidienne. Ce n’est bien sûr pas l’ensemble de la base qui est menacée, mais le travail du jour qui n’aura pas été sauvegardé. Le problème est donc loin d’être aussi abstrait que ne peuvent l’imaginer certains titulaires. « La perte peut s’élever au chiffre d’affaires du jour, 5 000 à 7 000 euros en moyenne » affirme Xavier Richard.

Pour autant, trouver le bon produit au bon prix n’est pas chose aisée. La technologie en elle-même est relativement simple et ne pose pas d’enjeu particulier au niveau du choix. Mais le marché est encombré de nombreuses marques qui jouent sur les prix, selon Olivier Zuntini. Les éditeurs se chargent souvent de choisir pour leurs clients, « une initiative qui a toute sa raison d’être lors d’une première installation » évoque Ghislain Vanlaer, gérant de Medprice, un revendeur en ligne de matériel informatique pour les professions médicales, lui-même plutôt placé, selon ses propres termes, sur un marché de renouvellement concernant les onduleurs. Ce choix devra tenir compte avant tout des matériels à protéger. Tous préconisent un onduleur pour le serveur de l’officine, qui va protéger le serveur lui-même, l’écran, et les périphériques qui lui sont reliés. En revanche, protéger les postes de travail n’est pas impératif, tant que des données essentielles de la pharmacie ne s’y trouvent pas.

« Il arrive parfois que des fonctions importantes soient placées " en local ", par exemple, comptabilité, pilotage des croix vertes ou des sondes frigo, dans ce cas, il vaut mieux protéger le poste de travail concerné » propose Florent Letailleur, responsable technique d’Isipharm. Certains pharmaciens estiment important que la facture en cours de traitement soit protégée et dans ce cas, un onduleur sur un ou plusieurs postes de travail au comptoir est nécessaire.

D’autres matériels nécessitent de bénéficier d’une protection contre les coupures de courant, comme les switchs, également nommés commutateurs réseaux. Ces matériels qui permettent de relier des câbles ou des fibres sont indispensables dans un système informatique communicant d’où la nécessité de les protéger, et ce d’autant plus qu’ils sont très sensibles aux fluctuations de la charge de courant. Sécuriser aussi les routeurs ADSL notamment en cas de flux financiers avec l’extérieur peut s’avérer judicieux. Mais seul le serveur nécessite vraiment une protection efficace. Notons que tous les acteurs interrogés déconseillent formellement de placer un onduleur sur une imprimante, notamment laser.

« Off line », « In line », « On line ».

Face à ces besoins, existent trois sortes d’onduleurs. La technologie la moins chère et la plus rudimentaire est celle du « off line » : « ce sont des onduleurs qui se mettent sur le réseau, prennent le relais en cas de coupure de courant, mais ne protège pas la machine » explique Olivier Zuntini. Considérée comme en fin de vie pour certains, cette technologie reste préconisée pour les postes de travail où ne se trouvent pas de données sensibles. Elle est encore proposée par plusieurs acteurs, Isipharm et Arilog notamment.

La deuxième technologie est celle dite du « In line », intermédiaire entre la précédente et celle du « On line », la troisième et la plus sophistiquée. Le « In-line » qu’Isipharm appelle « Inline Interactive » est décrit par Florent Letailleur comme étant « capable de compenser les microcoupures sans basculer complètement sur batterie. »

Quant au « On line », elle génère son propre courant indépendamment de ce qu’il y a à l’entrée du réseau et est donc isolée de toutes les anomalies électriques. C’est la meilleure protection, c’est aussi bien évidemment la plus chère. Les prix varient du « simple au quadruple » selon Fabrice Radet, ou peuvent « tripler dès lors qu’on passe d’une technologie à une autre » selon Florent Letailleur. On peut trouver des petits onduleurs pour quelques dizaines d’euros, et les plus gros pour quelques centaines d’euros, 300 environ explique Xavier Richard. Une dépense qui n’est pas excessive, comparée à celles relatives à d’autres postes de l’équipement officinal.

Les éditeurs et distributeurs qui commercialisent les onduleurs ont parfois des choix très précis, Alliadis ne distribue que du « On line », Isipharm a fait le choix de la technologie « In line ». Florent Letailleur explique pour le compte de ce dernier que les « choix sont faits également en relation avec le constructeur d’onduleurs, lequel a fait les calculs de puissance qu’on devrait avoir au niveau des onduleurs suivant les serveurs ou PC à protéger. » La puissance de ces derniers s’exprime en Volts Ampères (VA), puissance qu’il faut comparer à la consommation électrique des appareils que l’on souhaite protéger, d’où la double référence que l’on retrouve souvent pour les onduleurs exprimée à la fois en VA et en Watts.

Une question d’autonomie.

Autre élément à prendre en compte dans le choix des onduleurs, celui de l’autonomie proposée par les différents modèles. Cela va de quelques minutes à une demi-heure. Pour la plupart des intervenants, il n’est pas nécessaire d’avoir une longue autonomie, quelques minutes suffisent pour arrêter, en cas de panne de courant, un serveur « proprement », une action souvent mise en avant par les éditeurs pour qui l’essentiel est de faire en sorte que ces machines aient le temps de fermer leurs applications de la meilleure façon. Pour cela, pas besoin d’une demi-heure, ni même d’un quart d’heure. Attention cependant à l’usure rapide des batteries des onduleurs. « L’autonomie promise de trente minutes par exemple à l’achat se réduit au fur et à mesure et peut très bien n’être que de cinq minutes au bout de deux ans » prévient Ghislain Vanlaer. Isipharm préconise d’ailleurs de ne jamais aller jusqu’au bout de l’autonomie promise par les onduleurs. La durée de vie de ces matériels est courte, deux à trois ans, selon la plupart des intervenants. Certains comme Pharmagest proposent à travers leurs contrats de location un renouvellement au bout de 30 mois.

Signalons par ailleurs que la plupart des éditeurs et revendeurs livrent avec les onduleurs un logiciel qu’on installe sur le serveur et qui permet de paramétrer l’usage de l’onduleur : il peut ainsi définir le comportement à tenir, par exemple, donner un signal audit serveur en cas de coupure de courant pour qu’il s’arrête de lui-même, ce qui peut être très utile quand le serveur fonctionne de nuit, chose courante puisqu’on conseille souvent de ne pas éteindre les serveurs afin d’en prolonger la durée de vie.

La protection électrique ne se limite pas aux onduleurs, et pour des officines situées dans des régions où les pannes de courant sont plus fréquentes, comme la Bretagne ou dans les DOM - TOM, ou celles encore qui se soucient par exemple du fonctionnement des portes automatiques, il faut se tourner vers des groupes électrogènes, investissement plus lourd qui nécessite de recourir aux services d’un spécialiste de l’électricité.

› HAKIM REMILI

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2918