Une pharmacie a été incendiée dans la nuit de mercredi à jeudi au cours des affrontements qui ont eu lieu entre les jeunes et les forces de l’ordre. Les autres pharmacies qui craignent pour leur sécurité, misent sur la préservation du lien social.
Place François-Mitterand, à Rezé, la pharmacie du château a été dévastée par les flammes au cours de l’incendie provoqué par des habitants du quartier, à la suite d'un contrôle de police au cours duquel un jeune homme est décédé.
Le traumatisme est profond dans la profession. « Nous savions que les pharmacies de ces quatre quartiers concernés par les violences pouvaient être touchées. Nous ne nous attendions pas à ce que ce soit celle de Rezé, particulièrement. Nous avons immédiatement manifesté notre soutien à la titulaire et lui avons proposé de l’aider lorsqu’elle aura besoin de main-d’œuvre pour rouvrir », explique Isabelle Nicolleau, présidente du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens, ajoutant que les gardes avaient été déplacées en raison des événements pour ne pas exposer les confrères des quartiers concernés.
Alors que pour la troisième nuit consécutive les violences font rage dans les quartiers nord de Nantes, et que de nombreux autres bâtiments ont été dévastés, les pharmaciens d’autres quartiers restent vigilants. Sans être la cible directe des émeutiers, leur officine pourrait en effet subir les dommages collatéraux des exactions. L’un d’entre eux a vu la bibliothèque située en face de son officine prendre feu. Un autre a assisté, dans la nuit de mardi à mercredi, à l’incendie du cabinet médical et ne sait pas si ses deux médecins proches de la retraite reprendront une activité.
Guillaume Artarit est installé depuis un an sur la place de Malakoff, l’un des quatre centres névralgiques des émeutes. Il y a deux jours, alors que des bruits couraient sur un incendie potentiel du centre commercial, son associé est allé expliquer aux jeunes du quartier qu’il se trouverait dans son officine lors de sa garde de nuit. « Ces jeunes que nous avons vu grandir nous ont assuré qu’ils nous protégeraient », raconte le jeune titulaire. Guillaume Artarit connaît bien le quartier pour y avoir exercé pendant 14 ans comme adjoint. Pour rien au monde, il n’aurait choisi de s’installer ailleurs. Il reconnaît à son prédécesseur le mérite d’avoir toujours privilégié les liens sociaux, condition sine qua non du maintien des officines dans ces quartiers. « C’est essentiel dans ces quartiers que le pharmacien se positionne en professionnel de santé, qui accueille, conseille, soigne aussi. Ces jeunes, je les ai soignés, je leur ai fait des pansements, on discute », confie le jeune titulaire.
Cette attitude n’excuse pas pour autant l’escalade de la violence, ni exonère davantage les jeunes. « Ils devraient comprendre qu’ils détruisent leur propre quartier et que les habitants en sont les premières victimes », estime Guillaume Artarit. Le pharmacien a participé à un rassemblement sur la place de Malakoff, jeudi soir : « En signe de solidarité et pour ressouder un quartier qui, quoi qu’on en dise, a un esprit de village. »
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