La quasi-totalité des LGO sont désormais référencés Ségur ou en passe de l'être. Aujourd'hui, avec le Ségur du numérique en santé, 98 % des pharmacies sont en capacité technique de lire les ordonnances numériques. « Nous avons pu la tester, cela faisait partie des critères qu'il y ait au moins une tentative de connexion au serveur de l'assurance maladie », explique Xavier Vitry, membre de la délégation qui travaille à la mise en œuvre de la feuille de route du Numérique en santé.
Des LGO encore à l'échauffement
L’assurance maladie a exigé des éditeurs de LGO, avant activation massive du module en charge de l'ordonnance numérique, de réaliser des tests auprès d'un lot d'une dizaine de pharmacies pour s'assurer du bon fonctionnement en situation réelle. « L'assurance maladie peut alors demander d’apporter, si besoin, quelques évolutions à la marge », explique Xavier Vitry. En l'état actuel des choses, deux éditeurs peuvent étendre de façon massive leur module d'ordonnance numérique, Id. (Pharmagest) et LEO Officine.
« Nous avons déployé l'ordonnance numérique chez tous nos clients et nous nous apprêtons à valider le dernier cahier des charges qui permettra à la pharmacie et de s'affranchir de la numérisation de l'ordonnance (SCOR) », détaille Raynald Martino, directeur commercial et marketing Pharmacie France chez Pharmagest. Les autres éditeurs sont encore en phase de présérie qui consiste à fabriquer un produit industriel en quantité limitée de manière à effectuer les dernières mises au point avant sa fabrication en série. « L'ordre de lancement devrait être donné dans le courant du semestre et tous les LGO seront autorisés à déployer leur module opérationnel », indique Xavier Vitry.
Concrètement, que va devoir faire le pharmacien ? Réponse : « La pharmacie n'a rien à faire, si ce n'est prendre le module en main et s'assurer que cela fonctionne. Les processus de maintenance et de mises à jour sont assurés par les éditeurs », assure Xavier Vitry.
Ordonnance numérique : mode d'emploi
Côté matériel, le pharmacien aura besoin concrètement de son LGO et d'un scanner paramétré pour lire les ordonnances numériques. Une solution technique intégrée dans le test Ségur et qui équipe déjà, a priori, la quasi-totalité des officines. « Il n'a besoin de rien de plus. Le médecin émettra donc l’ordonnance numérique publiée sur le DMP (via l'alimentation automatique à partir du logiciel métier du prescripteur, N.D.L.R.), le contenu est envoyé dans la base de l'ordonnance numérique de l'assurance numérique », rappelle Xavier Vitry. À noter que le patient, lui, se verra toujours remettre une version papier de l'ordonnance par son médecin.
Il présente son ordonnance au pharmacien, qui scanne le QR code au moyen du lecteur de code-barres compatible. Le contenu s'affiche et, à partir de là, le pharmacien peut exécuter l'ordonnance comme auparavant. L'intérêt est multiple. L’option numérique vient renforcer la lutte contre les fausses ordonnances – le QR code ne peut être lu qu'une seule fois – et de s'affranchir de la numérisation de la prescription. Elle a également été pensée afin d'améliorer l'échange entre les professionnels de santé ainsi que l'observance. En effet : « Si le patient l'autorise, il peut ajouter des mentions manuscrites qui seront enregistrées sur le serveur et transmises au médecin qui pourra contrôler si l'ordonnance a été correctement traitée », décrit Xavier Vitry.
Un cas pratique : Id.
Petit cas pratique : sur Id. justement, le pharmacien se connecte au module et va lire le QR code. Le LGO cherche ensuite l'ordonnance numérique mise à disposition par le médecin sur les serveurs sécurisés, afin de s’assurer que l'ordonnance est conforme. Au moindre doute, une option en autorise le rejet. Une fois le patient reconnu par la carte vitale, le pharmacien va scanner les produits à délivrer, choisir si besoin de substituer le princeps par un générique, comme dans le schéma traditionnel. Effectivement, si un produit sur l'ordonnance n'est pas disponible, les LGO seront a priori en mesure de proposer une alternative. « Sur Id., c'est le logiciel qui proposera de substituer tel ou tel produit en fonction de la disponibilité et des paramètres de la pharmacie », assure Raynald Martino. À tout moment, il est possible d'afficher à nouveau l'ordonnance. Une fois la délivrance achevée, un panel de contrôle apparaît afin de relever d'éventuelles anomalies entre ce qui a été prescrit et ce qui a été dispensé. Le pharmacien termine ensuite la facturation, sans besoin de numériser la prescription. Voilà pour le cas pratique le plus courant.
Le processus varie légèrement dans le cas où le professionnel ne délivrerait pas l'ensemble des médicaments prescrits, ou qu'un produit est noté manuellement sur l'ordonnance. Le panel de contrôle va alors détecter une anomalie et la mettre en évidence. Le pharmacien devra alors préciser dans un onglet dédié la ou les raisons de cette modification. Il peut s’agir, par exemple, d'un médicament que le patient ne souhaite pas en raison d'effets indésirables.
Toute modification de prescription (produits de santé/posologie) doit faire l’objet d’un échange et d’une validation du prescripteur. Le pharmacien est guidé via Id. durant tout le processus de dispensation réalisé à partir d’une ordonnance numérique.
Le professionnel de santé a la possibilité de visualiser l’état des envois des ordonnances numériques/FSE. Dans le cas d’un renouvellement, le pharmacien peut consulter la prescription et l’historique de dispensation, dès le rapatriement de l’ordonnance numérique.
Sécurité des données : une porte suffisamment blindée ?
Quid de la sécurité de ces QR codes ? Ce vecteur d'attaque est régulièrement utilisé par les cybercriminels pour compromettre leur cible en les redirigeant vers un URL malveillant et en les invitant à renseigner leurs informations de connexion. Sur ce point, Xavier Vitry se veut rassurant. « Le QR code contient les 18 caractères du numéro unique de la prescription, et si le format ne correspond pas, il ne lira rien, même s'il s'agit d'un logiciel malveillant », assure-t-il. Pas ou peu de risque donc, si l’on en croit l'expert, qu'un pirate puisse compromettre le système informatique d'une officine par ce biais.
Les données contenues dans les ordonnances numériques sont, quant à elles, hébergées par la caisse nationale d'assurance maladie (CNAM). Les transactions sont effectuées via des certificats serveur entre la pharmacie et la CNAM, qui permettent d'authentifier les propriétaires d'un serveur et de sécuriser les échanges de données. « Lesdits certificats sont nécessaires dans les deux sens. Les échanges sont cryptés et les données de santé stockées chez des hébergeurs dédiés. Même les niveaux de sécurité dépassent largement les exigences du certificat HDS », précise Xavier Vitry.
Côté médecin, lorsque le prescripteur envoie l'ordonnance, celle-ci ne contient ni l'identité du professionnel de santé, ni celle du patient. Ces informations sont enregistrées lorsque le pharmacien récupère la prescription et l'exécute à l'aide de la carte vitale. Un degré de sécurité a priori très élevé, bien qu'il faille toujours garder à l'esprit qu'aucun système n'est inviolable. En témoigne l'attaque par rançongiciel dont a été victime, en fin d'année dernière, l'entreprise de services numériques Coaxis, certifiée HDS.
Les médecins attendus au tournant
Et justement, ce sont les médecins qui sont prescripteurs. Sans eux, pas d'ordonnance numérique. « Aujourd'hui, même si tous les pharmaciens peuvent traiter l'ordonnance numérique, ils ne vont pas en rencontrer tous les jours. On est sur un usage progressif. Même s’il semble que 10 millions d'ordonnances numériques ont déjà été créées dans les préséries, et qu'elles ont été déployées par plus de 10 000 médecins », précise Raynald Martino.
La bonne nouvelle, c’est que la moitié des médecins embarquent une solution les prenant en charge. À l’heure actuelle, près de dix logiciels sont aptes à déployer l’ordonnance numérique. Force est de constater que le dispositif a encore du mal à convaincre, puisque seuls 10 000 médecins sur 226 000 ont réalisé une ordonnance numérique. Nous sommes donc encore loin des objectifs initiaux des pouvoirs publics qui, pour rappel, visent 70 % de délivrances, en 2024, sous forme numérique.
En attendant la prescription numérique…
Sans ordonnance numérique délivrée par les médecins, les pharmaciens poursuivront comme à l’accoutumée en utilisant SCOR pour les prescriptions sans QR code. « Actuellement, nous nous employons à poursuivre nos travaux pour que les médecins s’équipent. Il y a eu des difficultés dans le déploiement des modules et des correctifs ont été apportés afin d’améliorer des fonctionnalités », explique Xavier Vitry. En attendant, la délégation reprend son bâton de pèlerin et poursuit sa mission d’évangélisation auprès des médecins et des éditeurs. Sur le papier, pharmaciens et prescripteurs ont jusqu’au 31 décembre 2024 pour se mettre en conformité et s’équiper d’un logiciel métier agréé par la CNAM.
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