UNE RÉNOVATION partielle ou complète de l’officine peut permettre au pharmacien de dynamiser ses ventes et d’augmenter son chiffre d’affaires… ou seulement de le maintenir, dans un contexte économique devenu peu favorable. Et c’est en général dans cet objectif économique que les officinaux envisagent de réaliser des travaux. « En effet, les marges brutes du pharmacien ont tendance à s’affaisser, la consommation de médicaments de prescription aussi… Ce qui engendre logiquement une baisse des résultats. D’où la nécessité d’augmenter la surface de vente des produits OTC et de parapharmacie afin d’infléchir le phénomène », commente Jean-Pierre Demeyere (directeur de JCDAgencement), qui évoque que la donne a bien changé ces dernières décennies : « Auparavant les pharmaciens réalisaient des travaux uniquement pour défiscaliser, afin de diminuer leurs impôts. Ce n’est plus guère le cas aujourd’hui. »
Étant donné la baisse de résultats des pharmaciens, qui globalement ont tendance à investir moins dans leur fonds de commerce, le marché de l’agencement d’officine en subit les conséquences. « Le marché de l’agencement en France pour les pharmacies est de l’ordre de 40 à 45 millions d’euros, avec 1 400 à 1 500 officines par an qui font des transformations partielles ou complètes. Mais il y a 4 ou 5 ans, c’était 2 000 à 2 500 officines chaque année qui étaient en travaux. Soit un tassement de 20 à 30 % du marché », analyse François Guillot, (responsable France de Th. Kohl)
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Du relooking à la rénovation.
De plus, les économies étant à l’ordre du jour, « la tendance va plus vers le relooking, pour dépenser un minimum, tout en rendant l’espace de vente plus agréable et plus lumineux, mais sans revoir en profondeur l’agencement de l’officine », expose Alessia Castelli, responsable communication marketing chez l’agenceur AMlab. Cela passe par une modernisation des comptoirs (habillage), un renouvellement de l’éclairage, l’ajout de mobilier complémentaire, etc.
Néanmoins, certains officinaux optent pour une rénovation totale, car ils désirent se repositionner différemment sur le marché, et créer un environnement favorable aux nouvelles missions du pharmacien, en accord avec la loi HPST. « Ils veulent proposer des services se démarquant de la concurrence, avec des pôles dédiés aux entretiens pharmaceutiques, au maintien à domicile, et parfois même à l’accompagnement aux patients cancéreux », détaille Alessia Castelli.
Aussi, un nouvel agencement s’impose dans certaines conditions particulières : si l’on souhaite installer un automate, s’il existe une possibilité d’extension, ou encore lors d’un transfert ou d’un rachat de part.
Pour ces travaux d’envergure, et selon les surfaces et les matériaux choisis, le budget peut varier dans une fourchette allant en général de 800 € à 1 600 € hors taxes par mètre carré, pour un aménagement intérieur, hors gros œuvre.
En moyenne, des travaux à l’officine se font tous les 9 à 11 ans. L’expérience montre que, lorsqu’ils sont bien menés, ils ont toujours des effets positifs sur le chiffre d’affaires et la marge commerciale. Les agenceurs estiment qu’une hausse de 5 à 10 % du CA pour un relooking, et de 15 à 25 % du CA pour une rénovation plus conséquente est possible. Dans d’autres cas, les augmentations peuvent être nulles et les travaux auront permis de maintenir le chiffre d’affaires.
Mais rénover ne suffit pas : « pour que le succès soit au rendez-vous, un bon agencement doit s’accompagner d’une gestion efficace de la pharmacie, en effectuant régulièrement des rotations des produits présentés à la vente, en analysant tous les produits afin de savoir pourquoi certains se vendent mal, et en formant l’équipe aux techniques de vente », indique Alessia Castelli.
Par ailleurs, le réaménagement de l’officine possède des avantages cachés : « il augmente la motivation du personnel et améliore le confort dans le travail », rapporte François Guillot. Au final, on observe une hausse de l’efficacité de l’équipe, et donc de la rentabilité.
L’analyse financière.
Pour une rénovation lourde, il est conseillé d’établir un budget prévisionnel et de calculer le délai de retour sur investissement, c’est-à-dire le rapport entre le montant de l’investissement et les bénéfices escomptés.
Côté financement, la règle générale est de contracter un prêt bancaire. Toutefois, en ce qui concerne le mobilier, le pharmacien peut opter pour une location de longue durée, en général sur 5 à 10 ans (leasing). Mais cette location n’est possible que pour le mobilier, c’est-à-dire les meubles, le matériel informatique, ou encore les enseignes, un robot, une croix de pharmacie, voire des cloisons amovibles. « Aujourd’hui, un tiers de nos clients optent pour le leasing, qui apporte des avantages concernant la fiscalité », confie Jean-Pierre Demeyere.
En effet, si les amortissements sur les travaux et les intérêts d’emprunt sont intégralement déductibles des bénéfices, on n’amortit cependant pas de la même façon un prêt bancaire et une location financière. « Avec la location de mobilier, on récupère la TVA mensuellement, les frais de dossier sont minimes et la mensualité est comptabilisée comme une charge », explique François Guillot.
Un plan d’action.
Pour l’aider dans son projet, le titulaire peut contacter un agenceur qui lui proposera des plans adaptés à ses souhaits et à ses besoins. « On commence tout d’abord par prendre connaissance de la stratégie que souhaite adopter le pharmacien, autrement dit ce qu’il voudrait développer : créer un rayon orthopédie, de maintien à domicile, entrer de nouvelles gammes de parapharmacie… Ensuite, on effectue une étude de marché et de la concurrence afin de mieux appréhender l’environnement dans lequel se situe l’officine », avance Jean-Pierre Demeyere. En effet, le projet ne sera pas le même si la concurrence alentours est rude (proximité d’une parapharmacie, etc..), ou si l’environnement est amené à croître (nouveaux logements) ou décroître. Une fois ces paramètres estimés, il reste à conjuguer la volonté du pharmacien et des possibilités du marché local, tout en analysant la situation actuelle de l’agencement de l’officine. Tous les points faibles de l’officine seront passés au crible : meubles désuets, mal positionnés, lumière, circulation.
Une fois ces éléments définis, l’agenceur pourra réaliser un ou plusieurs projets en respectant l’enveloppe budgétaire. Tout en sachant que certains points incontournables. Tout d’abord, le poste éclairage, qui peut atteindre 20 % du budget total d’une rénovation. Car sans un bon éclairage, le consommateur aura l’impression d’être dans un endroit vétuste et n’aura pas envie d’acheter, même si les produits sont nouveaux.
Ensuite, le plan de circulation est fondamental, puis la signalétique. Ces deux éléments permettent au client de cheminer dans la pharmacie en découvrant les produits disponibles, et de se repérer en fonction des rayons.
Cahier des charges et rétroplanning.
Étape suivante : l’agenceur présente un cahier des charges qui se devra d’être précis, avec un rétroplanning des travaux : « nous partons de la date de livraison du mobilier pour définir toutes les autres tâches à réaliser et, enfin, définir la date de début des travaux », indique Jean-Pierre Demeyere. Toutes les étapes devront être consignées dans ce planning, notamment si une fermeture est envisagée (en indiquant combien de jours, quels jours). Les pharmaciens redoutent toujours une fermeture qui, dans certains cas, est inévitable, notamment pour les petites officines car il est alors difficile de délimiter une zone de travaux et une zone pour la clientèle. Ou encore, lorsque des travaux de gros œuvre sont entrepris : abattement de murs porteurs, création de mezzanine, ouverture de la façade, implantation d’un robot… La pharmacie peut alors être fermée sur une courte durée, le temps de la réalisation des travaux. « Parfois même, elle peut être provisoirement délocalisée dans un local voisin, voire dans une maison mobile pour plus de confort », indique François Guillot.
« Toutefois, avec une bonne organisation des travaux, la pharmacie pourra rester ouverte dans la majorité des cas », estime Alessia Castelli. L’importance alors sera de veiller, pour des questions de sécurité, à bien séparer les espaces dédiés aux travaux, à la clientèle et à l’équipe officinale, en installant par exemple des panneaux de bois. Et pour que tout se passe bien, il importe enfin d’informer la clientèle, en affichant des plans et les dates des différentes étapes de réalisation. Des clients informés sont toujours plus rassurés.
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