Le Quotidien du pharmacien. - En 2021, est-ce qu'un pharmacien sans apport peut imaginer devenir titulaire, à court terme ?
Nicolas Baldo. - On vit une période propice à l'installation des jeunes pharmaciens ; ils ont l'opportunité de vivre une aventure entrepreneuriale sans attendre d'avoir atteint un âge avancé. L'idée selon laquelle il faut disposer de ressources financières importantes pour acquérir une officine est de plus en plus fausse. En outre, la crise sanitaire a permis de replacer le pharmacien dans la chaîne de santé et dans la société d’une manière générale, qui rassure les banques prêteuses : on assiste à un rebond du marché par le fait que le pharmacien a le vent en poupe.
Oui, mais l'apport de 20 % du prix de vente reste une règle difficile à contourner ?
En confrontant nos données à d’autres experts, on se rend compte que le ratio de 80/20 est généralement admis ; il correspond aux exigences des banques pour accorder un prêt et conforter un plan de financement. Mais chaque situation est particulière. Si le dossier s'avère très rentable, si l'EBE de l'officine convoitée est très fort ou si la banque est très rassurée parce que l'officine à acquérir fait partie de ses clients historiques, on peut parfois descendre entre 10 et 15 % d'apport. Il faut effectivement que toutes les planètes soient alignées. Au-delà de ce ratio qui peut varier, nous disposons surtout de solutions diverses et éprouvées pour renforcer l'apport si nécessaire. Ces mécanismes permettent d'une part de fluidifier les transactions dans le secteur officinal. D'autre part, ils permettent à des pharmaciens d'investir dans des pharmacies plus conséquentes, entre 2 et 3 millions de CA. À l'inverse, le risque est d’entraîner une augmentation des prix des pharmacies qui fonctionnent bien, et de délaisser les petites officines avec pour effet délétère une fragilisation du maillage.
Qu’est-ce qui détermine le choix d'une option par rapport à une autre ?
D’abord, la facilité d’obtention du prêt. Le vendeur va vers l'acheteur qui a le plus de chance d’obtenir un prêt dans un temps limité. Cette rapidité d'obtention peut être obtenue avec un dispositif tel que le prêt garanti par les groupements ou répartiteurs. En revanche, si le pharmacien qui vend n’a qu’une offre, on peut prendre plus de temps pour ficeler le dossier de demande de prêt, en faisant appel par exemple au dispositif CAVP. Le pharmacien qui souhaite acquérir doit également connaître les contreparties des solutions dont il dispose pour booster son apport, et en peser le pour et le contre sur le long terme. Pour certains, par exemple, la contrainte d'être lié à un répartiteur n’est pas comparable au risque de rater une officine convoitée. Pour d'autres, ce fil à la patte peut représenter un véritable frein. Il faut également savoir que les dispositifs ne sont pas toujours cumulables entre eux. Il ne faut pas hésiter à se rapprocher d'un expert-comptable pour bien préparer son dossier.
* Expert-comptable, KPMG Marseille.
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