Selon une estimation de l’OMS, 25 % de la population mondiale sera concernée à un moment ou un autre par un trouble mental. Mis en lumière par la crise sanitaire, cet enjeu de santé publique requiert une mobilisation accrue de l’ensemble des acteurs de terrain concernés.
Pour tenter de répondre à la demande toujours plus croissante d’accès aux soins en santé mentale, de nombreuses start-up mettent au point des applications dédiées. À l’échelle mondiale, on en recense entre 10 000 et 20 000.
Offre pléthorique
En France, l’explosion de ces solutions numériques est considérable. En septembre 2022, le collectif Mental Tech — créé en mars de la même année par une poignée d’industriels pour favoriser l’émergence et le déploiement d’outils numériques en santé mentale — recensait une soixantaine de start-up hexagonales ayant mis au point au point une solution de ce type. Un an plus tard, l’association en compte une centaine, répertoriée selon leur utilité dans le parcours de soins. Multiples et variées, ces applications intègrent la plupart du temps des technologies de pointe alliant dans certains cas l’intelligence artificielle ou la réalité virtuelle. Pour le Dr David Labrosse, président de Mental Tech et également fondateur de Tricky, ces solutions présentent un réel intérêt pour les patients et les praticiens. « Comme un médicament, chaque appli va avoir une indication bien particulière. Les thérapies digitales (DTx) vont par exemple aider les personnes atteintes de troubles psychiques à agir sur leur santé mentale et prendre conscience de leur maladie. Cela peut se faire au moyen de jeux, de questionnaires ou grâce au suivi quotidien assuré par un Chatbot. Au final, cela permet de faciliter les prises en charge et de décharger les médecins », fait-il valoir.
Des médecins trop peu formés
Face à ce foisonnement d’outils, opérer un tri n’est pas toujours chose aisée lorsque l’on est professionnel de santé. « Sur l’ensemble des applications de santé mentale disponibles, toutes ne sont pas équivalentes en termes de qualité », pointe Arnaud Goulliart, consultant en santé publique et ancien infirmier. Le manque de formation des praticiens constitue aussi un frein dans le processus d’acculturation des médecins. « Que ce soit en formation initiale ou en formation continue, les outils numériques et notamment ceux dédiés à la santé mentale ne sont que très peu abordés et donc très peu connus par le corps médical. De manière logique, les praticiens n’ont pas le réflexe de les intégrer à leurs prescriptions » , regrette le Dr Labrosse. Pour démocratiser les usages, « il est crucial que les médecins adoptent une approche critique en s'assurant que les applications recommandées reposent sur des bases scientifiques solides et qu’elles sont validées par des approches rigoureuses », souligne Arnaud Goulliart, qui a contribué à l'élaboration de la charte des engagements éthiques et déontologiques en e-santé mentale, publiée par le collectif Mental Tech. Pour ce spécialiste du numérique, le catalogue d’applications (encore en construction) bientôt disponible dans l’espace numérique de santé (ENS, ex-DMP amélioré) est une base solide pour les praticiens désireux d’intégrer ce type d’outils dans leurs prescriptions. Gage de qualité, « les applications seront toutes référencées par l’agence du numérique en santé », précise le soignant. Parmi les solutions prometteuses, Arnaud Goulliart cite StopBlues pour la dépression et l'anxiété, Kwit pour les addictions, MindDay pour le soutien psychologique, Headspace pour la méditation, ou encore Jardin mental pour le suivi par un professionnel de la santé mentale.
Certaines applications peuvent utiliser des critères de diagnostic peu précis ou exagérer les symptômes, poussant ainsi les utilisateurs à croire qu'ils ont un trouble psychique.
Arnaud Goulliart
Mais si ces nouvelles pratiques peuvent présenter un intérêt majeur pour le corps médical et la population, il convient de connaître les risques associés à leurs usages. Arnaud Goulliart pointe par exemple le danger du surdiagnostic. « Certaines applications peuvent utiliser des critères de diagnostic peu précis ou exagérer les symptômes, poussant ainsi les utilisateurs à croire qu'ils ont un trouble psychique. Ce surdiagnostic peut parfois être motivé par des intérêts financiers. Il est impératif que les professionnels de santé guident leurs patients, les aidant ainsi à éviter les autodiagnostics hâtifs », met-il en garde. Autre précaution essentielle : sensibiliser les patients aux risques liés à la fuite des données. « Les médecins doivent conseiller aux personnes en souffrance psychique d'examiner attentivement les politiques de confidentialité des applications et de choisir celles qui garantissent de façon stricte et transparente la protection de leurs données personnelles » , conclut l’ancien infirmier.
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