Vente en ligne de médicaments

Carton rouge pour Zalando et la Redoute

Publié le 05/10/2015

Article réservé aux abonnés

Devinez ce qu’une pharmacienne a trouvé dans sa commande La Redoute ? Et une préparatrice de la pharmacie Pothier à Masny (Nord) dans sa commande Zalando.fr ? Des affichettes publicitaires pour la pharmacie en ligne « Shop-pharmacie.fr », un site géré par une société hollandaise. Sur ces flyers, on vous propose « d’acheter vos médicaments en toute confiance auprès de (leur) pharmacie ». La publicité vante les « près de 2 millions de clients servies par an en Europe, une authenticité des médicaments garantie, des conseillers pharmaceutiques joignables gratuitement et une confidentialité totale des commandes et données personnelles ».

Le message est illustré des photos de boîtes de Lysopaïne, NurofenFlash, Citrate de Bétaïne et Donormyl… Certes, ces spécialités sont effectivement autorisées en France dans le cadre de la vente en ligne. Mais la publicité pour des pharmacies virtuelles ou physiques est, quant à elle, interdite.

Cyril Tétart, pharmacien et président de l’Association française des pharmacies en ligne (AFPEL) est vite sorti de ses gonds lorsqu’il a appris l’affaire. « En France, la vente de médicament en ligne est encadrée. La publicité pour les pharmacies est interdite. Les sites Internet doivent toujours être rattachés à des pharmacies physiques. Toute pharmacie sur le territoire respecte ces points à la lettre, sous peine de sanctions. Alors suffit-il d’être un site étranger pour qu’on ne risque plus rien ? », s’insurge-t-il, en indiquant avoir alerté le Conseil de l’Ordre et les syndicats. Sa crainte semble bien être fondée. En effet, « selon les institutionnels, comme le site est hollandais, on se retrouve donc soumis au droit européen et aucune action n’est possible », relate Jean-Claude Pothier, titulaire à Masny. L’affaire a toutefois été rapportée à la Direction générale de la Santé. En espérant que cette dernière donnera suite.

Dans la même mouvance, une affaire de publicité pour des médicaments - cette fois-ci vendus sur ordonnance - a été sanctionnée le lundi 28 septembre par le tribunal correctionnel de Versailles. Deux hommes ont été condamnés à une amende de 1 500 euros pour avoir créé des pages publicitaires pour des médicaments de prescription indiqués dans la calvitie, l’obésité, l’herpès, ou la grippe, qui renvoyaient vers un site britannique de vente en ligne de médicaments. Grâce à cette opération, ils ont empoché chacun 5 000 euros en deux ans. Les deux hommes ont été appréhendés dans le cadre d’une action lancée par Interpol et l’OMS contre la vente illégale et la contrefaçon de médicaments.

C. D.