LES SITES de vente en ligne de produits de parapharmacie se développent en France. Leur nombre s’élèverait aujourd’hui à près de 180*, selon une récente étude de la société Median Conseil menée entre mai et août 2010. Toutefois, en chiffre d’affaires, le marché de la e-parapharmacie en est encore au balbutiement. À l’heure actuelle, il représente en effet 35 millions d’euros, soit environ 1 % du marché total de la parapharmacie. La Toile est donc encore loin de concurrencer l’officine. Certes, mais demain, la situation pourrait changer. « On peut s’attendre à ce que marché se développe fortement pour atteindre 3 à 8 % du marché total dans 5 ans, ce qui serait significatif », prédit Benoît Thomé, dirigeant de Median Conseil. Pour lui, les pharmaciens ont donc intérêt à se positionner sur ce marché encore immature où une grande partie des acteurs n’était pas présente il y a seulement un an et demi.
Un site sur deux lié à une officine.
Certains n’ont pas attendu et se sont déjà lancés dans l’aventure. Sur les 180 sites recensés par Median Conseil, la moitié est en effet adossée à une officine. Selon Benoît Thomé, ces pharmaciens explorateurs de la Toile sont essentiellement animés par la curiosité, l’envie de faire autre chose que leur activité au comptoir. Ils sont avant tout entrepreneurs et ne cherchent pas obstinément à améliorer le chiffre d’affaires de leur pharmacie en élargissant leur champ d’activité. Pour beaucoup, il s’agit aussi d’être présent sur ce secteur si, d’aventure, les pouvoirs publics autorisaient la vente de médicament sur Internet. Mais on en est loin (voir « le Quotidien » du 2 septembre).
L’étude met également en évidence que la vente en ligne de parapharmacie ne représente généralement qu’une activité annexe pour les titulaires, le plus souvent peu rémunératrice. Les principaux leaders du marché ne sont d’ailleurs pas liés à un point de vente. Parfois, ils l’ont été, mais, remarque Benoît Thomé, à partir d’un certain niveau de croissance, le site s’émancipe de l’officine qui l’a créée. En fait, le marché est très concentré : seulement 50 sites réalisent 90 % des ventes.
Une opportunité.
Mais attention, avant de se lancer, il faut bien penser la question de la rentabilité. Pour gagner des clients, certains gérants de site se sont engagés dans une course effrénée à la baisse de prix. À l’arrivée, leurs ventes ont décollé, mais ils ne gagnent pas d’argent. « Ceux qui réussissent à grandir de manière rentable sont ceux qui ont cherché à proposer certains types de produits afin d’être unique sur le marché », observe Benoît Thomé. « Le pharmacien doit donc réfléchir à son offre mais aussi à sa politique de prix », conclut le dirigeant de Median Conseil.
Quoi qu’il en soit, les officinaux peuvent tirer leur épingle du jeu sur ce marché. D’autant que, souligne la société de conseil et d’études, ils possèdent du stock, connaissent les produits, disposent de personnel disponible, peuvent afficher le nom de la pharmacie et sont en capacité à bien acheter. « Cet aspect est fondamental, insiste Benoît Thomé, car pour vendre bon marché, il faut acheter peu cher ». Toutefois, ajoute-t-il, « leur handicap principal est l’ignorance du monde d’internet et des règles régissant les sites en ligne ».
Les règles du marché.
Justement, que dit la loi à ce sujet ? D’un point de vue réglementaire, « la vente en ligne de tout ce qui n’appartient pas au monopole pharmaceutique est tolérée, ou pour le moins, pas interdite », rappelle Alain Breckler, chargé de mission à l’Ordre des pharmaciens sur toutes les questions relatives au média électronique. Mais attention, se dépêche-t-il d’ajouter, lorsque ces sites de commerce de produits de parapharmacie sont adossés à des officines physiques, la pharmacie doit être clairement identifiable par l’internaute. « Le consommateur doit savoir à qui il a affaire. Ainsi, le titulaire doit préciser son nom sur la vitrine internet de la même façon que dans sa vitrine réelle. »
Globalement, il convient pour lui de respecter les règles professionnelles rappelées dans le document ordinal de mars 2007 intitulé : « Réflexions sur la création et le fonctionnement d’un site internet dans le cadre d’une activité officinale »**. Suivre les mêmes recommandations que pour l’exercice derrière le comptoir, informer les clients avec « tact et mesure », telles sont les conseils que l’on peut donner aux pharmaciens désireux de tenter l’aventure internet, résume Alain Breckler. Quant à l’opportunité d’instaurer une déclaration obligatoire du site au moment de sa création, la question en était encore débattue hier même au ministère, confie-t-il enfin.
** Document consultable sur www.ordre.pharmacien.fr
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