Au G7 Santé, qui vient de se tenir à Milan, les participants ont parlé d’antibiorésistance, consommation des ressources, changements climatiques et santé des femmes. Mais un point a été particulièrement débattu : celui de la lutte contre les faux médicaments vendus en ligne.
« Les crimes pharmaceutiques ? Le pire est encore à venir », a estimé Alain Lemangnen, de l’Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp). Pour Daniel Burke, directeur du programme CyberPharm mis en place par la Food and drug administration, la lutte contre la contrefaçon de médicaments est devenue plus compliquée avec la prolifération des monnaies électroniques, tel le bitcoin, et la politique d’obstruction des multinationales comme Microsoft, Google ou Amazon. « Ils nous ont déclaré la guerre et refusent de communiquer les données qui permettraient de remonter aux personnes et aux organisations impliquées dans la vente de faux médicaments en ligne. Nous avons dû nous retourner vers la Cour suprême pour avoir accès aux données des officines en ligne », a expliqué Daniel Burke.
La plus grande partie des médicaments vendus chaque jour en ligne est une contrefaçon car seulement 1 % des sites ayant pignon sur la Toile ont obtenu une licence d’exploitation. « Pour faire la guerre et la remporter, nous devons unir nos compétentes et renforcer la collaboration entre partenaires, il faut aussi réussir à augmenter nos ressources humaines, notre point faible à tous car nous manquons tout cruellement de cyber-enquêteurs », estime Daniel Burke.
Coup de filet
Au chapitre de la collaboration, Rome, ou plus exactement la brigade italienne de répression de la contrefaçon industrielle, s’est déjà engagé dans la voie du partenariat étroit avec Interpol, Europol et l’Aifa, l’Agence italienne du médicament. Le dernier rapport de la brigade fait état d’un vaste coup de filet qui a débouché fin octobre, sur la saisie de 151 colis postaux provenant de pays situés en dehors de l’Union européenne et contenant des médicaments sans autorisation de mise sur le marché. Et aussi, la grande opération coup de poing effectuée la semaine dernière dans le port de Gioia Tauro (Calabre) qui a permis de démanteler une cellule de contrebandiers spécialisés dans le Tramadol, la « drogue du combattant » utilisé par des kamikazes de Daesh, avec la saisie de 24 millions de comprimés pour une valeur de 50 m€.
Ce rapport présenté durant le G7, fait également état de plusieurs saisies importantes. Durant les quatre dernières années, quelque 2,5 millions de boîtes de faux médicaments et 4 millions d’ampoules et de comprimés ont été en effet interceptés. Autre donnée importante : plus de 3 200 personnes ont été dénoncées et 215 arrêtées. Enfin, 2 000 personnes ont été signalées aux autorités administratives.
Des proportions inquiétantes
Toujours selon ce rapport, les crimes les plus fréquents dans le domaine pharmaceutique concernent la vente de produits non contrôlés, la violation des normes sur le dopage sportif et l’achat en ligne de médicaments à base de substances classées stupéfiants ou psychotropes. La brigade italienne a aussi évoqué le problème du vol de traitements oncologiques et neurologiques en milieu hospitalier, « des produits qui sont ensuite placés et vendus à travers un circuit international, d’où l’urgence d’harmoniser les normes au niveau international afin de pouvoir réprimer au mieux ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes », a déclaré le commandant Adelmo Lusi.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin