LES SITES de pharmacies en ligne fleurissent timidement sur la Toile. Entre l’autorisation officielle de vente à distance de médicaments le 12 juillet dernier et aujourd’hui, un peu plus de 70 titulaires* se sont lancés dans l’aventure. Qui sont-ils ? Comment procèdent-ils ? Quel premier bilan dressent-ils ? « Le Quotidien » et la société Call Medi Call ont cherché à en savoir un peu plus sur ces pionniers du commerce à distance. Entre le 25 novembre et le 5 décembre, Call Medi Call a donc mené l’enquête exclusivement auprès des 69 officines disposant à cette date d’un site de vente de médicaments. Plus de la moitié d’entre elles (38) ont accepté de répondre à nos questions ; parmi celles qui ont refusé de participer à l’étude, près d’un tiers n’avait, en réalité, pas encore débuté l’activité.
Si le nombre de portail reste encore marginal, l’enquête révèle que près de 7 titulaires sur 10 ayant ouvert un tel site se déclarent globalement satisfaits de leur expérience : 50 % se disent « satisfaits » et 18,4 % affirment même être « très satisfaits ». Les « peu satisfaits » et les « déçus » représentent finalement une minorité, aux alentours de 5 %.
Pourtant, acheter ses médicaments sur la Toile ne semble pas encore être entré dans les habitudes des Français. En effet, une large majorité des pharmaciens interrogés (63 %) ne vend via Internet qu’entre 10 et 50 boîtes par jour, et presque un quart, moins de 10 boîtes. Une comptabilité qui se traduit par de faibles évolutions du chiffre d’affaires (CA). Ainsi, 87 % des titulaires ont vu leur CA stagner, ou progresser entre 0 et 2 points quand, dans le même temps, seulement 5 % enregistraient une augmentation dépassant les 5 points. Au total, le retour sur investissement semble relativement faible (voir également encadré). D’autant que la création d’un site de vente en ligne coûte cher : 29 % des titulaires indiquent avoir déboursé entre 10 000 et 20 000 euros, 16 % aux alentours de 25 000 euros, 10 % de 25 000 à 30 000 euros et 8 % entre 20 000 et 25 000 euros. La maintenance du site ne doit pas non plus être oubliée. Selon les officinaux interrogés, il faut compter entre 2 000 euros (16 % des réponses) et 3 000 euros (plus de 18 % des réponses) par an. Autre charge supplémentaire : les frais de personnel. Plus de 4 pharmaciens sur 10 expliquent avoir embauché une personne dédiée à la vente en ligne.
Au-delà du bilan personnel de ces cyberpharmaciens, l’enquête Call Medi Call/« Le Quotidien » s’intéresse également à leurs pratiques. Ainsi, on s’aperçoit que les titulaires sont loin de proposer les 4 000 médicaments pouvant potentiellement être vendus en ligne. Plus de la moitié d’entre eux, mettent sur leur site entre 100 et 500 présentations. Ils ne limitent pas pour autant leur offre à quelques pathologies ciblées (seulement 10,5 % le font). En ce qui concerne la politique tarifaire, la grande majorité des titulaires (81,6 %) pratiquent les mêmes prix en ligne que dans leurs officines de pierre et de mortier. Si plus de 8 pharmaciens sur 10 ont choisi La Poste pour acheminer les spécialités commandées jusqu’à leurs clients, des dispositifs ont tout de même été mis en place pour préserver le conseil : 37 % offrent la possibilité d’un contact téléphonique, 36 % par courriel et 22 % via un questionnaire en ligne. Conscients des risques potentiels de la vente à distance, près de 95 % des détenteurs de pharmacies virtuelles ont mis en place des mesures pour la sécuriser. Quant à la sécurité des sites eux-mêmes, près de 9 pharmaciens sur 10 affirment que leur portail n’a pas été la cible de tentative de piratage. Rendez-vous dans quelques mois pour voir si ces tendances se confirment.
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