De notion abstraite, l’intelligence artificielle (IA) trouve désormais de multiples applications dans un exercice officinal qui se complexifie. Et si cette réalité n’a rien de virtuelle, les pharmaciens le doivent à leurs groupements, intervenus en véritable « système expert » pour mettre cette technologie au service de leur exercice de professionnel de santé. Du back-office à la prise en charge du patient.
Peu d’activités professionnelles peuvent, comme l’officine, revendiquer deux champs d’application de l’IA : la gestion des achats et des ventes et l'accompagnement du patient. Cette spécificité représente un défi majeur pour les groupements qui emploient toutes leurs ressources pour exploiter ces deux versants, y compris de manière prospective.
Alors qu'ils s'emploient à lever les freins techniques et à formater ces nouvelles fonctionnalités dans un univers réglementaire contraint, les groupements ne restent pas sourds aux interrogations de leurs adhérents. L'IA va-t-elle se substituer au titulaire dans la gestion de son officine et lui imposer une vision entrepreneuriale ? L’utilisation de l'IA à l'officine ne risque-t-elle pas de fracturer la relation de confiance avec le patient ? Et surtout de supplanter à terme le pharmacien dans son rôle de professionnel de santé ?
C'est dire l'ampleur du chantier que représentent les multiples applications de l'IA à l'officine. Pour autant, les groupements sont bien inspirés de se saisir du sujet et de l'intégrer à leur stratégie globale de transition numérique. Car quel autre acteur de la chaîne du médicament peut, mieux qu'eux, mettre cette technologie au service de leurs adhérents pharmaciens.
Ils sont d'autant plus avisés de s'en emparer que l'officine, en tant que « point nodal du développement de l’IA en santé » comme le cite David Gruson (voir page 26), risque d'attiser des convoitises extérieures au monde de la pharmacie.