LES TESTS génétiques proposant des diagnostics d’origine peuvent être efficaces lorsqu’ils concernent une recherche de paternité dans le cadre d’une procédure judiciaire ou, en médecine légale, quand il s’agit de spécifier l’origine géographique d’une trace d’ADN ou de celle d’un suspect. En revanche, leur utilisation à des fins commerciales, telle que le proposent sur Internet certaines sociétés, repose pour l’heure sur des fondements scientifiques fragiles. Ces tests qui prétendent aider un individu à rechercher ses origines sont « sans valeur scientifique », prévient la SFGH (Société française de génétique humaine), qui s’insurge contre ces applications de la génétique à « finalités récréatives ».
Pratique illusoire.
Avec l’ensemble des associations de généticiens affiliées à la FFGH (Fédération française de génétique humaine)*, elle affirme que ces tests sont impuissants à résoudre des questions généalogiques. « Les tests les plus accessibles financièrement et le plus souvent proposés se fondent sur l’analyse des variations génétiques de l’ADN mitochondrial ou du chromosome Y. Ils ne permettent des inférences que sur un seul ancêtre en lignée maternelle et un seul en lignée paternelle respectivement, ce qui ne couvre qu’une infime partie des ancêtres d’une personne. Cette réalité est souvent occultée ou peu explicite », soulignent les généticiens. Penser établir autrement qu’en probabilité les relations génétiques entre une personne et ces ancêtres, est, selon eux, « illusoire ».
Les variants génétiques (AIM ou ancestry informative markers) d’une personne sont comparés à leur distribution dans plusieurs populations géoréférencées. Les méthodes statistiques utilisées ne permettent d’attribuer qu’une probabilité pour que le profil de gènes d’une personne soit comparable à celui d’une population. La précision d’une telle probabilité dépend des conditions d’échantillonnage des populations de référence. Or, rappellent les spécialistes, ces populations « sont nécessairement des populations actuelles, elles ne peuvent renseigner directement sur ce qu’était autrefois leur localisation », à moins de formuler de nombreuses hypothèses sur leurs migrations passées et sur l’évolution de leur patrimoine génétique qui, lui-même, dépend de mécanismes complexes, comme la dérive génétique, la sélection, les mélanges, etc. De plus, l’échantillonnage disponible est aujourd’hui « largement imparfait », avec une couverture qui favorise les populations des pays développés et les populations largement étudiées par les anthropologues.
Marquage ethnique.
Au-delà de leur manque de pertinence scientifique, ces tests suggèrent un rapprochement entre origine géographique et origine ethnique et soulèvent de nombreuses questions relatives à « l’identité », à la place que « la biologie doit prendre dans sa définition » et aux conséquences d’un « marquage ethnique » au niveau social et politique. « Ces tests entretiennent l’illusion que l’humanité peut se découper en groupes clairement identifiables par la génétique, confortant l’idée que l’étude de l’ADN suffirait pour donner un contenu scientifique à la race », s’émeuvent les spécialistes. Sur des bases scientifiquement peu solides, les personnes partageant les mêmes variants génétiques peuvent se sentir renforcées dans un sentiment de « commune identité », ce qui, a contrario, peut les inciter « à construire le statut de l’étranger, celui qui aurait des variants génétiques différents et donc une histoire différente ». Les généticiens y voient aussi un autre danger : les origines géographiques ou ethniques révélées par Internet peuvent entrer en contradiction avec le vécu individuel ou collectif et « déstructurer les identités personnelles ou remettre en cause les connaissances historiques traditionnelles ». Ils demandent que l’utilisation des tests d’origine soit mieux encadrée.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France
Gestion de l’officine
Télédéclarez votre chiffre d’affaires avant le 30 juin