Dans l'urgence, mais non dans la précipitation, les pharmaciens ont ressorti des cartons certains projets de solutions numériques à l'officine. Il aura fallu moins de trois semaines pour voir ces outils s'intégrer à l’exercice professionnel venant au secours de patients confinés et de collaborateurs à protéger.
L'URPS pharmaciens des Hauts-de-France a ainsi accéléré le déploiement du télésoin pour permettre aux pharmaciens de dispenser les conseils à distance lorsque les médicaments sont livrés à domicile. Mais ce dispositif, dénommé Predice, permet d'aller plus loin. Il réunit aussi toutes les conditions pour effectuer également les entretiens pharmaceutiques, (AVK, asthme…) et les bilans partagés de médication (BPM). « Dans cette période où l’on constate une réduction de la fréquentation dans les pharmacies en raison du confinement, la réalisation de ces entretiens peut être une option pour compenser la baisse d’activité », suggère Grégory Tempremant.
Le boom de la téléconsultation
Cette disponibilité soudaine de l'équipe peut également être mise à profit pour la formation. CERP Rouen propose ainsi d'initier gratuitement les collaborateurs à la téléconsultation, par visioformation. Enrichie d’informations liées au Covid-19, cette formation donne les clés pour comprendre et mettre en place la téléconsultation à la pharmacie. Il s'agit de connaître les pré requis et les outils indispensables pour proposer un service de téléconsultation dans le cadre des nouvelles missions, et définir la stratégie de communication vers les clients et l'environnement médical*. Car à l'extérieur de l'officine, conséquence directe de la limitation drastique des déplacements, le recours à la téléconsultation explose. Selon les chiffres publiés le 31 mars par l’assurance-maladie, la semaine du 23 au 29 mars a battu tous les records. Ainsi, 486 369 téléconsultations lui ont été facturées, soit six fois plus que la semaine précédente (la première en confinement) qui en comptabilisait 80 000.
Jusqu’à début mars, et alors que le remboursement de la téléconsultation est en place depuis septembre 2018, moins de 10 000 téléconsultations hebdomadaires étaient comptabilisées. L’assurance-maladie souligne que le record de la dernière semaine de mars dépasse même le cumul des 18 derniers mois (320 000). Les téléconsultations représentent désormais 11 % des consultations médicales (contre 1 % avant la crise). Un médecin sur trois a intégré cette pratique (contre 7,6 % la semaine précédente), en particulier les généralistes (44 %). 81 % des téléconsultations ont été réalisées par le médecin traitant des patients. Les médecins ont aussi largement pratiqué le tiers payant qui concerne 75 % des actes (contre 40 % les semaines précédentes). Le recours à la téléconsultation a été largement facilité par un assouplissement temporaire des règles en vigueur, permettant un remboursement à 100 % depuis le 21 mars et jusqu’au 30 avril prochain.
Zéro papier, 100 % d’hygiène
Revers de la médaille, le développement de la téléconsultation, associé à la limitation des déplacements médicaux aux seules urgences, entraîne une désertion des cabinets médicaux. Une mauvaise nouvelle pour nombre de praticiens qui s’inquiètent de ne plus voir leurs patients et craignent pour leur santé. Plusieurs syndicats de médecins, ainsi que le Collège de médecine générale (CMG) ont rappelé l’importance de continuer à se soigner même en temps de Covid-19, y compris à se vacciner, au risque de devoir rapidement faire face aux conséquences de pathologies mal ou pas soignées.
Le numérique n'a pas fini de démontrer ses vertus face au confinement et aux risques de contamination. Des offres existantes ont été adaptées au contexte actuel. Ainsi, Pharmonweb met à disposition gratuitement des solutions Web et Facebook pour fluidifier la communication avec les patients et la transmission d'ordonnances. Une brèche dans laquelle s'engouffre également Itekpharma avec sa solution digitale gratuite pendant trois mois. Le zéro papier ne concerne pas seulement la transmission des ordonnances par mail, par fax, voire par messagerie sécurisée, à laquelle les prescripteurs doivent être encouragés. Le sans contact est également adopté de manière quasi-systématique au comptoir. Ainsi dans bon nombre d'officines le lecteur de carte Vitale est mis sur le devant du comptoir. Il sera ainsi utilisé uniquement par le patient.
Le pharmacien peut également opter pour le mode dégradé, ne plus utiliser la carte Vitale et éviter le stylo, vecteur de virus, pour signer lui-même les feuilles CERFA qui seront transmises par scan à l'assurance-maladie. C'est en tout cas ce que recommande Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) aux titulaires souhaitant se prémunir au maximum, eux et leurs équipes. Une fois la crise sanitaire passée, il restera à pérenniser l'ensemble de ces dispositifs mis en place en mode accéléré.
*Prochaines sessions offertes (dans la limite des places disponibles) : 9 avril et 22 avril. Inscriptions sur www.cerprouenformation.fr
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