Le Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens veut capitaliser sur les quelque 35 millions de DP ouverts à ce jour en France pour accélérer la révolution numérique de la pharmacie. Il a à cet effet lancé, en collaboration avec Docapost, l’hébergeur du DP, un concours dont l’objectif était de récompenser cinq projets d’innovation tous conçus autour du DP. C’est au terme de plusieurs mois de travail que les 117 équipes inscrites au « Hackingpharma » se sont vues départagées le 7 juin dernier par un jury de 19 membres, venus d’institutions diverses, le CNOP, mais aussi l’ANSM, le ministère des Affaires Sociales et de la Santé, l’Académie nationale de pharmacie, entre autres. Les participants venaient eux aussi d’horizons divers, beaucoup d’étudiants en pharmacie, de pharmaciens diplômés, mais aussi des « marketeurs », des informaticiens issus de start-up, une pluralité nécessaire à l’éclosion de projets créatifs selon les organisateurs du concours. Les nombreux participants devaient respecter un certain nombre de critères, la valorisation du rôle de pharmacien en tête, mais aussi la faisabilité technique et financière du projet – avec proposition d’un véritable « business model » -, la sécurité des données, et cela afin d’en assurer la viabilité au-delà des résultats du concours.
Le creuset de liens nouveaux
Les dix projets présentés le 7 juin dernier montrent l’éventail des possibilités offertes par le DP. Il paraît même étonnant que les prestataires high-tech spécialisés dans le monde officinal n’y aient pas pensé plus tôt. Le DP devient ainsi le creuset de liens nouveaux entre le pharmacien et son patient, voire le chaînon manquant du parcours de soins. Le grand prix du jury accordé au projet DP Adhésion récompense sans doute aussi cette vision globale proposée par l’équipe lauréate. Son application est déclinée pour les patients atteints de pathologies chroniques : ils peuvent ainsi accéder par l’intermédiaire de leurs smartphones à un grand nombre de fonctionnalités, certaines déjà très courantes, la géolocalisation, l’envoi d’ordonnances, un pilulier virtuel, mais d’autres innovantes, celles que l’équipe nomme « DP dépendantes », l’armoire à pharmacie virtuelle, l’alerte en cas de rupture de stocks du médicament ou de retrait de lot, et surtout un suivi de l’observance grâce à un ratio basé sur le nombre de jours entre deux renouvellements à destination du pharmacien. Pour celui-ci, l’application est sous forme de plug-in qu’il peut insérer dans son LGO. Il peut ainsi mieux suivre l’observance de ses patients, les conseiller, dépister les effets indésirables grâce à un tchat et aussi grâce à la possibilité donnée aux patients de scanner l’OTC avec la puce NFC du smartphone et transmettre ainsi au DP les médicaments en libre accès, eux aussi susceptibles d'être à l'origine d'interactions avec des médicaments prescrits.
Autre projet original, celui d’Aviato, prix du meilleur service pour les pharmaciens d’officine, plus centré cette fois sur la relation entre pharmaciens et laboratoires d’analyse, ces derniers peuvent, après autorisation des patients, transmettre leurs résultats biologiques à la plate-forme DP Analyses hébergée par Docapost complétant ainsi le DP du patient. Le pharmacien peut la consulter et proposer s’il y a lieu - effet indésirable, contre indication etc… -, de contacter le médecin. Ce projet permet de faciliter la communication entre professionnels de santé, en l’occurrence directement les biologistes et pharmaciens, et indirectement les médecins. Il constitue surtout un support de dialogue entre patients et pharmaciens.
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