« Inutiles, trompeuses et empreintes de conflits d'intérêts » : la charge portée aux méta-analyses (et aux revues systématiques) par John Ioannidis, professeur en épidémiologie à l’université de Stanford (EU), est rude. Ce chercheur spécialisé dans la dénonciation des biais dans les études scientifiques (il est l'auteur en 2005 de « Pourquoi la plupart des découvertes publiées sont fausses »*) porte un nouveau coup à la recherche biomédicale, et cette fois-ci à un type d'étude largement considérées comme de très bonne qualité et bénéficiant d'un prestige majeur : les méta-analyses.
Redondantes et en augmentation exponentielle
En analysant la base de données PubMed, John Ioannidis a constaté (dans un article paru dans The Milbank Quarterly**) que le nombre de méta-analyses publiées avait augmenté de 2 635 % entre 1991 et 2014 (contre une augmentation totale du nombre d'articles, tous types confondus, de seulement 153 %, sur la même période). Il pointe aussi du doigt qu'actuellement, davantage de méta-analyses et de revues systématiques sont publiées que d'essais randomisés. L'existence de plusieurs méta-analyses portant sur le même sujet est fréquente, en particulier dans certains domaines : on trouve ainsi 11 méta-analyses portant sur l'intérêt des statines en prévention de la fibrillation atriale après une chirurgie cardiaque entre 2008 et 2012, et jusqu'à 185 portants sur les antidépresseurs entre 2007 et 2014 ! Et cette redondance est généralement inutile : 65 % des méta-analyses portant sur un même sujet n'apportent pas de résultats additionnels. Ioannidis émet l'hypothèse que la production de ces méta-analyses redondantes (et aboutissant le plus souvent aux mêmes résultats) est un outil marketing pour l'industrie.
Il souligne en effet que ces méta-analyses sont souvent le fait d'employés de l'industrie ou de chercheurs liés à l'industrie pharmaceutique – et que leurs résultats s'alignent sur les intérêts de leurs « sponsors ». Il résume les méta-analyses actuelles en estimant que seulement 3 % sont honnêtes et utiles d'un point de vue clinique, le reste étant défectueux, mal mené, inutile, ou redondant.
Manque d'exhaustivité
Si les méta-analyses sont souvent redondantes, elles présentent le défaut parallèle de ne pas prendre en compte la totalité des études menées sur un sujet. Le Pr Ioannidis a ainsi montré que sur un échantillon aléatoire de 259 articles (touchant des domaines aussi variés que la biologie cellulaire et les essais randomisés), seulement 7 % avaient été envisagés comme sources dans la réalisation de revues systématiques. Il conclut que « la production de méta-analyses a atteint des proportions épidémiques », et doit subir un remaniement majeur.
* http://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.0…
** http://www.milbank.org/quarterly/articles/mass-production-redundant-mis…
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