Les pharmacies indiennes en grève contre la vente par correspondance

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Publié le 14/10/2015

Quand les pharmacies indiennes se mettent en grève, le mouvement est à la mesure de la taille du pays : aujourd’hui mercredi 14 octobre, 850 000 officines resteront fermées toute la journée, tandis que leurs propriétaires organiseront aussi des manifestations régionales, pour protester contre la légalisation des ventes de médicaments par correspondance. Selon le président de l’association indienne des pharmaciens et droguistes (AIOCD), J.S. Shinde, ces ventes font courir de graves risques à la santé des Indiens, notamment les plus jeunes, car il n’y aura aucun contrôle sérieux, pas même pour les prescriptions. Plusieurs sites Internet, selon les pharmaciens, vendent déjà des médicaments listés sans même vérifier l’authenticité des ordonnances, pas plus que l’âge et l’identité des acheteurs. Depuis quelques années, les Indiens se sont pris de passion pour le commerce en ligne qui progresse de manière spectaculaire dans tout le pays. Des clients mystères, mandatés par les pharmaciens, ont pu vérifier, lors d’achats en ligne, l’absence totale de contrôles et de vérification des commandes. Selon l’AIOCD, si l’on autorise les ventes par correspondance, il faut d’abord au moins les sécuriser de manière efficace, en coopération entre les médecins prescripteurs et les pharmaciens dispensateurs. La protestation des pharmaciens indiens fait toutefois sourire certains spécialistes de santé publique connaissant bien le pays : ils relèvent que l’on peut déjà acheter à peu près n’importe quoi dans de nombreuses pharmacies sans aucun contrôle, y compris des antibiotiques, des pilules du lendemain théoriquement réservées à la prescription, des tranquillisants et des anxiolytiques, mais aussi des anabolisants. La surconsommation incontrôlée de médicaments constitue, selon eux, un problème de santé publique majeur dans le pays… mais une ouverture totale des ventes par correspondance ne ferait qu’aggraver le problème. Dans tous les cas, une légalisation du commerce en ligne menacerait gravement des centaines de milliers de petites officines, qui sont la seule source de revenus d’autant de pharmaciens et de leurs familles.