Et si la « chasse au gaspi » sortait les hôpitaux français de la zone rouge ? Les initiatives en ce sens se développent peu à peu.
Le gisement des médicaments non utilisés (MNU) a été évalué à 390 tonnes par an pour les 3 340 établissements de santé (431 000 lits) publics et privés, selon une étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) publiée en novembre 2017.
Née en 2015 de l’imagination d’un pharmacien hospitalier et de deux ingénieurs, la start-up bretonne MaPUI (ma pharmacie à usage intérieur) s’est lancé le défi d’optimiser les flux de médicaments entre les hôpitaux afin de réduire au minimum leur gaspillage et, de facto, permettre aux établissements de réaliser des économies.
L’idée est d’utiliser une plateforme nationale « pour échanger et emprunter entre pharmacies hospitalières des médicaments parfois proches de la date de péremption et ceux peu utilisés », confie Goulwen Lorcy, cofondateur.
Fin 2017, 200 hôpitaux et cliniques ont fait le choix d’une politique anti-gaspillage. « Quand il entame une démarche sur la plateforme, un établissement peut réclamer un échange de médicament ou faire une demande en urgence », explique-t-il. Une fois la transaction validée entre les deux structures, la plateforme, en partenariat avec Chronopost, se charge de la livraison en 24 heures.
La traçabilité du médicament est assurée.
La plateforme permet aussi d’effectuer des demandes de médicaments pour des établissements dépourvus de PUI. Pour l’ensemble de ces services, le modèle économique de MaPUI est basé sur un système d’abonnement en fonction de la taille de la structure et du nombre de lits (trois euros par lit). Parmi les adhérents, la facture varie entre 1 000 et 15 000 euros par an.
Le premier bilan de MaPUI est estimé à « 150 000 euros de reprises, c’est-à-dire la mise à disposition de produits ayant trouvé preneurs parmi les hôpitaux », explique Goulwen Lorcy.
12 000 tonnes collectées dans les officines
La guerre au gaspillage ne touche pas seulement les hôpitaux. Les particuliers sont aussi poussés à déposer leurs médicaments dans les pharmacies de ville. Les données les plus récentes compilées par l’association Cyclamed, chargée d’organiser la récupération de ces médicaments en France, estime le gisement des molécules non utilisées dans les foyers à 19 000 tonnes en 2016. Près de 12 000 tonnes ont
toutefois été collectées dans les 22 000 officines.
Cyclamed a mis en place l’application « Mon armoire à pharmacie » pour aider le patient à faire le tri dans ses prescriptions. Le particulier scanne avec son portable le QR code sur l’emballage du médicament et précise la date d’achat ainsi que la quantité encore disponible. L’application, en plus de préciser les notices numériquement, identifie les produits périmés, soumis à une alerte sanitaire, ouverts depuis plus de six mois ou presque vide. Un bouton « pharmacie la plus proche » permet de géolocaliser l’officine à proximité.
D’autres pays vont encore plus loin. Au Sénégal, l’application JokkoSanté pousse la population à déposer ses médicaments non utilisés et non périmés dans des centres de santé au lieu de les garder à domicile. En contrepartie, les habitants reçoivent des points avec lesquels ils peuvent se procurer d’autres médicaments moins chers (uniquement après obtention d’une ordonnance médicale). Cette initiative permet de lutter contre l’automédication et le trafic de molécules. Selon le fondateur de l’outil, de trois à quatre millions de médicaments ont été échangés en deux ans.
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