LES VENTES de médicaments par correspondance sont formellement interdites en Autriche, ce qui empêche donc tout pharmacien de se livrer à cette activité dans le pays. En revanche, le droit européen dispose qu’il n’est pas interdit à une pharmacie d’un pays membre de vendre des OTC dans un autre pays. Seule condition : les OTC vendus depuis l’étranger doivent être autorisés dans le pays où ils sont achetés. Les ventes de prescriptions restent, elles, interdites. Plusieurs pharmacies virtuelles allemandes ont donc tenté leur chance en Autriche, avec des OTC disponibles là-bas. Après avoir été déboutées en première instance par les tribunaux saisis par l’Ordre des pharmaciens, elles ont finalement obtenu gain de cause auprès des instances judiciaires supérieures.
La droguerie allemande dm a été la première à se lancer, via une officine virtuelle. La pharmacie virtuelle suisse Zur Rose, qui a racheté récemment la marque germano-hollandaise Doc Morris, vient de s’associer avec la plus grande chaîne de parfumeries d’Autriche, Bipa. Elle propose des OTC par Internet, avec des remises allant jusqu’à 40 %. Selon Bipa, cette réduction est possible car la marge des officinaux sur les OTC est de 50 %. Depuis fin novembre, une pharmacie virtuelle basée en République tchèque, Vamida, part elle aussi à l’assaut des clients autrichiens. Installée à Brno, c’est-à-dire à 50 km de l’Autriche, elle est entièrement gérée par une société autrichienne, dont seul le secrétariat est à Vienne. Elle achète des médicaments autrichiens en gros, les reconditionne à Brno, puis les envoie à ses clients par la poste, avec qui elle a passé un accord particulier. Elle annonce des rabais très importants, puisqu’elle évite ainsi les marges des officinaux, et profite de la TVA tchèque, plus réduite.
La coopération entre Vamida et la poste autrichienne fera sans doute d’autant plus grincer des dents certains officinaux que de nombreuses pharmacies ont pris, elles, une activité complémentaire dans le domaine postal : plutôt que de fermer ses petits bureaux non rentables, la Poste a en effet distribué des licences à un certain nombre de commerces, dont des pharmacies, qui effectuent des opérations postales courantes à sa place, et notamment des envois de paquets.
L’Ordre des pharmaciens autrichiens déplore le développement des ventes par correspondance, mais un changement de la loi, prévu en début d’année, devrait toutefois permettre aux pharmaciens autrichiens de se livrer, eux aussi, à cette activité, alors qu’ils ne peuvent pas réagir pour l’instant. Il n’en reste pas moins que les pharmaciens regrettent cette évolution, et redoutent qu’elle ne favorise l’arrivée de médicaments contrefaits, tout en réduisant la qualité de la distribution et, bien sûr, du conseil. La pharmacie autrichienne qui, selon les pharmaciens eux-mêmes, constituait jusqu’à présent l’un des derniers « havres de paix » pharmaceutiques en Europe, commence donc à son tour à sentir le vent du boulet… même s’il est encore bien trop tôt pour mesurer l’impact des ventes par correspondance sur son activité.
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