Soulagement pour les pharmaciens classiques, déception pour les pharmacies virtuelles : l’arrêt de la Cour de Justice européenne du 19 octobre dernier, qui a forcé l’Allemagne à autoriser les rabais sur les ventes par correspondance de médicaments prescriptibles vendus par des pharmacies virtuelles situées hors de son territoire, n’a eu jusqu’à présent aucun effet sur la progression de ces ventes.
Alors que les pharmacies virtuelles ont déjà conquis près de 13 % du marché des OTC en Allemagne, part qui progresse régulièrement depuis plusieurs années, les ventes de prescriptions par correspondance n’y ont jamais décollé, et ont même tendance à baisser. Elles représentaient, en 2015, 0,35 % du marché des prescriptions, soit 14 millions d’euros face à 38 milliards d’euros pour les officines. En effet, contrairement aux OTC vendus avec de fortes ristournes, les prescriptions en ligne ne pouvaient en aucun cas faire l’objet de la moindre ristourne : les patients n’avaient donc aucun intérêt financier à les commander par Internet. L’arrêt du 19 octobre, qui a forcé l’Allemagne à autoriser les ristournes et rabais sur les prescriptions provenant de pharmacies virtuelles étrangères – en pratique, principalement hollandaises — a fait craindre aux pharmaciens une évolution du secteur des prescriptions comparable à celle des OTC. Un tel bouleversement se traduirait rapidement, selon eux, par un écroulement catastrophique des chiffres d’affaires et la disparition de nombreuses officines, surtout les plus petites. La publication des résultats du dernier trimestre 2016 de la maison mère de Doc Morris, la pharmacie virtuelle suisse Zur Rose, montre qu’il n’en est rien, du moins pour le moment.
Mobilisation pour l'interdiction
Comme l’ont relevé différents portails d’informations pharmaceutiques, les ventes en ligne de prescriptions ont frémi pendant quelques jours, grâce notamment aux énormes campagnes de communication lancées par Doc Morris dans les jours qui suivirent l’arrêt de la Cour, combinées à des ristournes et des bonus spectaculaires. Mais ces ventes sont très vite retombées à leur niveau d’avant le 19 octobre… et ont même recommencé à diminuer depuis.
Sans trop détailler ces chiffres, Zur Rose précise néanmoins que le nombre d’acheteurs de prescriptions en ligne a augmenté au troisième trimestre. Elle souligne que son chiffre d’affaires a crû de 10 % en 2016, mais cette croissance provient avant tout du secteur des OTC, que ceux-ci soient vendus uniquement en pharmacie ou en tant que « produits libres » dans d’autres circuits de distribution. Le groupe précise toutefois que « la situation évoluera en 2017 », même si ces premiers résultats, qui ne portent certes que sur moins d’un trimestre, montrent que la lutte sera sans doute plus difficile que ce à quoi il s’attendait.
Les pharmaciens, eux, restent dans tous les cas très mobilisés pour obtenir une interdiction totale des ventes par correspondance de prescriptions. Cette interdiction est soutenue par le ministre de la Santé, mais doit encore être votée par les députés pour pouvoir entrer en vigueur et régler définitivement le problème.
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