Le recrutement est un domaine où le digital s’est imposé sans grande difficulté. Les sites spécialisés sont nombreux et y recourir est désormais un usage courant pour les pharmaciens.
Son côté pratique et surtout son impact bien plus important qu’un recrutement classique ont assuré son succès. « Le principal avantage du digital, c’est sa « viralité », sa capacité à atteindre des réseaux que l’on ne connaît pas, par effet de relais », explique Delphine Agullo, fondatrice de RemplaFrance. Ces sites de recrutement en ligne, qu’on appelle aussi des « jobboards », se spécialisent parfois par nécessité : les besoins des professionnels diffèrent d’un métier à l’autre, même dans des métiers connexes. RemplaFrance en est un exemple flagrant : le site, fondé par des médecins et entrepreneurs, s’est d’abord adressé aux médecins avant de s’intéresser à d’autres professionnels de santé. « Mais à cette fin, il a fallu adapter l’interface car les besoins ne sont pas les mêmes, les médecins cherchent beaucoup de remplaçants, et proposent des contrats de libéraux avec rétrocessions des droits tandis que les pharmaciens recrutent d’abord par de l’emploi salarié », explique Delphine Agullo. Quelles que soient les formes de cet emploi salarié, CDI, CDD, intérim etc…
Recrutement par des robots ?
Cet usage courant des sites de recrutement en ligne semble pourtant limité à quelques fonctionnalités de base, pour les pharmaciens, publier une annonce et en assurer le suivi, et pour les candidats, détecter un emploi qui leur correspond. Les uns et les autres pourraient mieux les exploiter pourvu qu’on leur en donne la possibilité. Le digital est en effet « extrêmement puissant » selon les mots de Yannick Vinay co-fondateur de Vitonjob.
Sans aller jusqu’à imaginer le recrutement par des robots, ce qui est non seulement possible mais déjà opérationnel, au Japon, où « des systèmes éliminent des CV dès lors qu’ils n’y trouvent pas certaines informations », selon Yannick Vinay, il est possible d’affiner le recrutement en ligne selon ses propres besoins. Dans le domaine de la pharmacie, il y a moins de candidats que de postes, d’où la nécessité parfois de ne pas trop laisser la main à l’intelligence artificielle susceptible de mettre en relation employeurs et candidats.
Des annonces les plus attractives possible
L’objectif prioritaire serait plutôt de mettre la main à la pâte et de rendre l’annonce la plus attractive possible, et donc de la soigner. Quitte à ce qu’il y ait une forme de compétition entre les annonces des employeurs. Dans certains cas, l’interface du site impose un message structuré, à l’image de Club Officine. « Le cadre impose le remplissage des informations, ce n’est pas un champ libre, il peut y avoir une couche personnalisée, mais ainsi les annonces proposent les informations suffisantes pour les candidats », explique Frédéric Aula, fondateur du site.
L’attractivité peut reposer sur, pourquoi pas, l’insertion de vidéos comme le suggère Delphine Aguillo, mais la majeure partie du temps elle consiste à améliorer le fonctionnement des moteurs de recherche. Le recrutement est en effet une affaire de plus en plus complexe et les données à fournir sont de plus en plus nombreuses, du côté des employeurs avec l’expertise demandée dans différents domaines qui requièrent par exemple des formations spécifiques et du côté des candidats les informations qui permettent de valoriser précisément cette expertise. Mais cela va plus loin, s’y ajoutent des préoccupations d’ordre plus humain. « On ne se limite plus désormais à la seule expertise, d’autres demandes apparaissent, confirme Yannick Vinay, liées à la personnalité des employés et des employeurs », par exemple un candidat qui recherche une structure forte où il se sentira bien encadré. Or, la qualité recherchée chez les uns ne sera pas appréciée de la même manière chez les autres.
« Matching affinitaire »
C’est une recherche empreinte d’une grande subjectivité. Il y a pour réaliser ce « matching affinitaire » comme le qualifie Yannick Vinnay, la possibilité d’utiliser la puissance de traitement des données. « Sans jamais cependant empêcher quiconque de répondre à une offre, quels que soient les résultats de sa recherche », ajoute le fondateur de Vitonjob. Il y a aussi celle de faire attention aux éventuelles recommandations d’autres employeurs, comme le propose volontiers Club Officine. Mais il s’agit ici d’être prudent, les prestataires marchent sur des œufs quand il s’agit d’évoquer les recommandations, ou, mais le terme est à peine prononcé, « évaluation ». « Il y a parfois des choses douteuses qu’on laisse faire, alors même qu’elles partent de bonnes intentions », sûssure Yannick Vinay. Les prestataires ont donc à cœur d’évoquer plutôt qu’une évaluation en bonne et due forme une mise en valeur des bons éléments, une façon de faire « grandir les gens ». Quitte à évaluer de fait employeur et candidats, mais de façon transparente, avec l’autorisation des personnes concernées.
Qualification et vérification
Ces systèmes de recommandation ou d’évaluation participent à la qualification de la base de recherche de tout site de recrutement en ligne. La qualifier de la meilleure des façons possibles, c’est apporter une information de qualité… donc vérifiée. « Les titulaires sont souvent confrontés à un manque de fiabilité, ou à une volatilité des candidats, de leurs affirmations, de leurs réponses », affirme Frédéric Aula. D’où la volonté de Club Officine de procéder en amont à un certain nombre de vérifications, sur l’identité des candidats, sur leurs diplômes surtout. « Ils nous envoient leurs justificatifs, que nous ne divulguons pas, mais nous sommes alors en mesure de garantir leurs diplômes, nous travaillons également sur la vérification des coordonnées », précise Frédéric Aula. Qui propose par ailleurs une fonctionnalité utile dans certaines circonstances : l’anonymat, que recruteurs et candidats peuvent actionner à leur guise. Il est utilisé notamment quand les premiers cherchent un candidat à un poste déjà pourvu mais qu’ils souhaitent remplacer, ou quand les seconds cherchent à quitter un poste pour un autre.
Contrats de travail en ligne
Parmi les fonctionnalités qui améliorent la recherche des candidats figurent aussi les alertes relatives aux messages que les recruteurs peuvent recevoir. Les prestataires insistent en effet sur l’importance de la réactivité et il arrive que par négligence de bons profils leur échappe. D’où l’envoi de SMS à J +1 comme le propose RemplaFrance afin de les prévenir qu’ils ont reçu un mail. De fait, les pharmaciens comme beaucoup de professionnels sont inondés de mails. Les prestataires portent également leur attention sur les contrats auxquels peuvent aboutir les recherches sur leurs sites. « Une fois que le candidat et le recruteur se sont rencontrés et qu’ils se sont mis d’accord, ils signent un contrat de travail en ligne avec la signature électronique et un PDF s’édite », commente Delphine Agullo. « Nous assumons également les charges administratives liées à la conclusion de ce contrat. » Vitonjob propose aussi cette prestation, avec des modalités différentes selon le type de contrat.
Les acteurs du recrutement en ligne travaillent donc à la fois sur un certain nombre de fonctionnalités susceptibles d’apporter du confort à ceux auxquels ils s’adressent et sur, on l’a vu, une qualification des bases de données destinées à s’améliorer sans cesse. Par exemple Club Officine a refondu son site, entre autres pour pouvoir progresser ensuite sur les critères de qualification, en rajouter d’autres quand cela sera nécessaire. D’autres réfléchissent à une échelle différente, à l’image de Vitonjob, qui se définit plus volontiers comme un réseau social fermé et envisage la qualification des bases au sein de groupes de pharmaciens ou de structures travaillant avec de nombreux pharmaciens, l’idée étant d’exploiter des viviers en quelque sorte afin de partager les ressources au sein d’un groupe. Par exemple, un temps partiel dans une pharmacie associé à un autre temps partiel pour le même employé mais dans une autre officine. La plate-forme utilisée par Vitonjob, une start-up née dans le giron de l’École Polytechnique, permettrait de préqualifier des profils pour les adhérents d’un groupement.
L’idée du réseau social fermé est à mettre en parallèle de ce qui existe en matière d’exploitation de données sur des réseaux très connus tels que LinkedIn et Facebook. Ces réseaux utilisent gratuitement des données qui appartiennent à d’autres et ce à des fins mercantiles, peut-être même parfois au détriment des entreprises qui les publient, c’est le constat en substance fait par le fondateur de la start-up. « Les données que nous exploitons appartiennent avant tout au groupe avec lequel nous traitons », précise Yannick Vinay. Exploitation qui peut être très structurée en fonction des besoins du groupe, groupement ou toute autre organisation, notamment des spécialistes du recrutement et de l’intérim, mais fermée, donc non utilisable par d’autres. Il est vrai que sur le secteur de la pharmacie, Facebook et LinkedIn ne semblent pas jouer un grand rôle en matière de recrutement, mais la qualification des bases et la sécurité des données représentent des enjeux trop importants pour les laisser ouvertes à tout va.
Vitonjob commence sa démarche auprès des pharmaciens, en tout cas des groupements et organisations susceptibles de s’adresser à eux. L’entreprise que des pharmaciens indépendants peuvent utiliser le module de base proposé par la start-up, mais celle-ci affirme que sa vraie valeur ajoutée est dans le « cousu main », par le biais d’un traitement personnalisé de la demande. Une façon de répondre à l’importance croissante de l’automatisation et du traitement des données tout en veillant à laisser la main à ceux qui utilisent ces données…
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