LA NOTION de e santé est d’abord une notion très large, souligne Anne-Catherine Perroy, docteur en pharmacie et en droit. De fait, la e santé regroupe toutes les applications des technologies de l’information et de la communication dans un objectif médical. C’est aussi une notion très évolutive et en pleine expansion, comprenant non seulement le développement de nouvelles techniques et de nouveaux outils, mais aussi une mutation de la relation au patient, avec l’essor d’un modèle où celui-ci devient acteur de sa santé.
C’est aussi une notion très protéiforme, dont seuls quelques aspects ont commencé d’être juridiquement encadrés, comme la vente en ligne de médicaments, le dossier médical personnel/partagé, le dossier pharmaceutique et certaines applications de télémédecine.
Déjà plus de 100 000 applications !
Quant à la santé mobile (ou m santé), dont font partie les objets connectés, tout reste à faire ou presque. Mais les choses promettent d’être complexes si l’on considère qu’il existerait aujourd’hui plus de 100 000 applications et que celles-ci ne concernent pas stricto sensu que des applications à visée médicale (notamment en ce qui concerne les pathologies chroniques) mais aussi des applications concernant des « mesures de soi » relatives au bien-être et à la forme physique ; tout en gardant à l’esprit que la frontière entre ces deux catégories peut être très ténue.
Les patients, de plus en plus adeptes du mode participatif, sont aujourd’hui très demandeurs de nouveaux outils, autour de l’information, du partage d’information, de l’autoévaluation et de l’auto-mesure, par exemple. Une démarche le plus souvent menée dans un objectif de prévention précoce de maladies chroniques, d’autosurveillance, ou d’une amélioration globale de la prise en charge (coaching, rappels de prises de traitements, télémédecine…). Les professionnels de santé, quant à eux, en attendent une meilleure coopération interprofessionnelle, des outils d’aide au diagnostic et un décloisonnement dans l’accompagnement du patient.
Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’intérêt porté à cette approche novatrice par le système de santé lui-même, qui en espère une amélioration de la prévention et de la responsabilisation des patients, une analyse des pratiques via les données collectées, sans oublier une réduction des coûts.
Des enjeux multiples.
L’un des tout premiers enjeux de la e santé est représenté par la qualification des outils, notamment au regard de leur finalité thérapeutique ou diagnostique. Dans un autre ordre d’idée, la protection des données de santé est un point particulièrement sensible. En effet, remarque Anne-Catherine Perroy, « la santé digitale entraîne nécessairement l’accès, l’utilisation, ou à tout le moins, le stockage de données personnelles de santé. Ce qui implique la nécessité d’éviter tous accès non autorisés à ces dernières ».
D’autre part, les différents acteurs doivent être conscients de leur responsabilité, car un défaut de l’outil est susceptible de porter préjudice aux patients. Mais ces outils ne sont pas actuellement, pour la plupart, évalués. Quel sera le niveau de responsabilité ? La question se pose, estime Anne-Catherine Perroy. « On peut penser que les obligations et les responsabilités des acteurs seront fonction de leur place dans le circuit du produit, en termes de développement, fabrication, distribution, conseil ou utilisation », poursuit-elle.
Quelle place pour le pharmacien ?
Le pharmacien œuvrant au sein de l’industrie pharmaceutique pourra être concerné, sachant que certains de ces outils participent à l’éducation thérapeutique des patients. Cela posera la question du type de communication possible au regard des restrictions en matière de publicité, ainsi que des limites à se fixer pour ne pas s’immiscer dans le parcours de soins.
Quant aux officinaux, Anne-Catherine Perroy a listé un certain nombre de questions qui les concerneront spécifiquement : les pharmaciens pourront-ils être amenés à conseiller ces outils ? Devront-ils le faire ? Après quel contrôle ? Sur la base de quels critères ? Quel impact auront-ils dans l’activité pharmaceutique et la prise en charge des patients dans le cadre de la coordination des soins et du renforcement du lien ville/hôpital ? Quelle plus-value peut attendre le pharmacien de la santé mobile pour l’accompagnement des patients ? Autant d’interrogations en phase avec les rôles du pharmacien en matière d’éducation thérapeutique, de bon usage et d’observance inscrits dans la convention nationale pharmaceutique.
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