Notre système de santé est sur le point de connaître des bouleversements considérables en raison des innovations de rupture, principalement au niveau technologique et numérique, modifiant complètement les moyens diagnostiques et thérapeutiques. À terme, ces bouleversements ne seront pas sans conséquences au niveau économique, sociétal et éthique.
En vue de répondre à ces défis, la nouvelle stratégie nationale de santé, ainsi que la présentation récente des cinq chantiers prioritaires faite par le gouvernement pour une réforme globale du système de santé, sont tout à fait ambitieuses. Parmi les objectifs d’amélioration de la santé qui pourraient impacter l’exercice officinal, on peut citer : l’amélioration du repérage, du dépistage et de la prise en charge des pathologies chroniques, la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées, l’amélioration de la pertinence des prescriptions, le renforcement des actions de prévention…
Ces textes mentionnent aussi la structuration des soins primaires en vue d’assurer la qualité et la continuité des parcours de soins, le développement des prises en charge au plus près des lieux de vie, la lutte contre les inégalités territoriales d’accès à la santé, la généralisation des usages du numérique en santé…
Pour nous, pharmaciens, de nouvelles missions seraient envisageables, si elles se conçoivent dans le cadre d’un rapprochement plus affirmé avec les autres professions de santé. S’il existe bien aujourd’hui la volonté de mettre en place une politique plus cohérente de santé, celle d’accroître l’implication des usagers et celle de prendre la mesure de la totalité des enjeux humains, ces textes ne soulignent guère la priorité de transformation des relations interprofessionnelles au service d’une plus grande fluidité des parcours de soins et la mise en place d’une véritable politique de promotion de la santé.
D’autre part, ce projet de reconfiguration ne passe-t-il pas aussi par la sollicitation plus soutenue de chaque profession en fonction de chacune de ses expertises afin que chacune y trouve une place bien définie, sans venir en concurrencer d’autres ? Enfin la convocation régulière de l’ensemble des professionnels et d’associations de patients ne permettrait-elle pas d’en arriver à des projets qui fassent consensus, spécialement l’amélioration du résultat des soins pour chaque patient, ce qui éviterait par la même occasion les pressions corporatistes mal venues ? Ce recentrage de notre politique de santé tenant compte des apports concertés de l’ensemble des professionnels serait l’occasion d’affirmer les valeurs qui les mobilisent.
Comment participer à notre niveau à cette transformation en vue de redessiner le monde de la santé ? Le Conseil de notre association, représentatif des diverses compétences de notre profession, se propose comme un lieu indépendant des pouvoirs pour réfléchir librement avec d'autres aux enjeux et au sens à donner à ces mutations. Aussi tout pharmacien, quelles que soient ses convictions, souhaitant travailler dans ce sens sera le bienvenu.
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