Quel sera notre système de santé dans dix ans ? Et sans boule de cristal… Le premier forum « santé et avenir », organisé par le groupe Sud Ouest et qui a réuni 900 personnes à Bordeaux, s’est essayé à la prospective.
Le défi a été relevé par Solange Ménival et Roland Michel, respectivement présidente et délégué général du think tank « Stratégie innovations santé », qui ont livré trois scénarios futuristes issus de l’audition de 45 praticiens, chercheurs en santé, patients, institutionnels ou industriels. Trois façons aussi de répondre aux défis du vieillissement de la population, de l’amplification des maladies chroniques et d’une révolution technologique sans précédent fragilisant un système de soins qui mobilise 11 % de notre PIB.
Petits pas ou Amazon ?
Premier scénario : le changement sans rupture, à petits pas. « C’est la stratégie actuelle, qui consiste à faire évoluer notre modèle de système de santé solidaire sans le bouleverser, explique Roland Michel. Cela signifie multiplier les maisons de santé, améliorer le parcours de soins, la coopération entre professionnels… » Les données de santé seraient utilisées de façon maîtrisée pour faciliter les échanges autour du patient (DMP, messageries sécurisées, aides en ligne, etc.).
Le second scénario est celui d’une transformation plus franche mais conservant le principe d’un système fondé sur la solidarité. Il table sur « la mise en place d’une synergie des acteurs publics, privés et des mutuelles » mais aussi sur « le changement de statut des hôpitaux avec davantage d’autonomie », notamment dans la gestion des ressources humaines et financières.
Enfin, nos deux futurologues envisagent un scénario catastrophe, celui de « la disruption de notre système de santé face à la puissance des GAFAM* ». Utilisant la toute-puissance du big data, l’intelligence artificielle et la e-santé comme chevaux de Troie, ces ogres modernes feraient exploser notre modèle égalitaire. « Il y a peu, qui aurait imaginé voir Amazon concurrencer Carrefour ? s’interroge Roland Michel. Il pourrait en être de même pour la santé. »
Si Michel Laforcade, directeur de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, maintient sa confiance au premier scénario (la réforme douce dans le cadre actuel), Jean-Louis Davet, directeur général délégué du géant mutualiste Vyv mise sur la seconde hypothèse, où les lignes bougent plus nettement. « Je crains que le premier scénario ne mène au troisième », ironise-t-il. Il aurait été intéressant de recueillir l’avis d’Agnès Buzyn qui n’a pas répondu à l’invitation des organisateurs du forum.
Repenser les études, simplifier les échanges
Voyageant vers le futur, ce rendez-vous bordelais a montré toute sa richesse au fil de 21 ateliers. « Il faut repenser totalement les études de médecine, a suggéré le Dr Philippe Arramon-Tucoo, radiologue, président de l’URPS médecins libéraux de Nouvelle-Aquitaine. Avons-nous besoin d’amasser autant de connaissances ? La problématique est plutôt de développer nos réflexions vers le “care” et de s’appuyer sur les technologies pour redonner du temps aux médecins. »
À cet égard, plusieurs responsables médicaux ont souligné l’urgence d’instaurer des outils et plateformes numériques d’échanges fiables et ergonomiques entre professionnels. Le succès du dossier pharmaceutique, piloté par les officinaux, a été comparé aux atermoiements sans fin du DMP…
* Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft
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