Adnan El-Bakri n’a pas encore fini son internat en chirurgie urologique mais il fourmille déjà de projets avec sa start-up, Innov’Santé. Un des plus prometteurs est PasseportVital, présenté comme un passeport santé numérique universel sous la forme d’une carte Vitale 2.0 réunissant l’ensemble des documents en lien avec la santé d’un patient, accessible à l’ensemble des professionnels habilités.
Depuis octobre, une centaine de patients et médecins expérimentent le dispositif en partenariat avec le CHU de Reims. « L’idée est de faire évoluer la carte Vitale et d’avoir un support où toutes les données sont regroupées et accessibles. Nous avons été inspirés par une patiente atteinte d’un cancer incurable, aujourd’hui décédée, qui était soignée entre Reims et Montpellier. Le transfert de son dossier a été très compliqué, c’était par mail, fax ou par La Poste ! », explique Adnan El-Bakri au « Quotidien ».
Examens médicaux, prescriptions, dons d'organes, vaccination…
Concrètement, le projet de la start-up rémoise consiste à équiper chaque carte Vitale d’un QR code unique (code-barres personnalisé). En scannant cette carte, le personnel hospitalier peut accéder au « profil d’urgence » où sont renseignés l’identité, l’âge, le groupe sanguin et la personne de confiance désignée par le patient.
Des données de santé plus personnelles sont accessibles uniquement en présence du patient (avec un code secret connu de lui seul et de la personne de confiance). Les professionnels (médecins, pharmaciens, services hospitaliers) peuvent ainsi consulter le dossier médical complet et l’enrichir avec de nouveaux documents. « Tout est dématérialisé. La PasseportVital peut comprendre des examens médicaux, radios, antécédents, allergies, prescriptions, l’autorisation ou non du don d’organe, le suivi des paramètres médicaux, les rendez-vous, etc. », précise Adnan El-Bakri. Le carnet de vaccination sera également disponible sur cet outil digital ainsi que les lettres de liaison ou l’utilisation d’objets connectés. La jeune pousse a reçu la certification de l’ASIP Santé.
La CNAM intéressée
Selon Adnan El-Bakri, le PasseportVital vient plutôt en complément du DMP. Mais avec cette carte Vitale nouvelle génération, « c’est le patient qui tient les rênes », insiste-t-il. Ce dispositif pourrait aussi permettre de construire progressivement une base de données scientifiques avec le consentement du patient afin de faire avancer la recherche. « C’est le premier vrai projet de big data français face aux géants Google et IBM », s’enthousiasme le jeune médecin start-upper.
Intéressée, la CNAM a pris contact avec le jeune entrepreneur. « J’espère avoir le soutien du ministère de la Santé et de la CNAM afin d’expérimenter mon projet à plus grande échelle », explique-t-il. Adnan El-Bakri ne compte pas s’arrêter là ; il est en négociation avec le gouvernement libanais pour expérimenter sa carte dans l’une des régions du pays. Sa plateforme a déjà été traduite en anglais et arabe.
À terme, il imagine que ce passeport numérique de santé puisse être accessible à n’importe quel professionnel de santé en cas de problème d’un patient lors d’un voyage à l’étranger.
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