UN SMARTPHONE, un lecteur de glycémie en continu et deux pompes. Le nouveau pancréas bionique portatif développé dans le diabète de type 1 par une équipe de la Boston University (BU) fait appel à un dispositif technologique à la fois accessible et ultraperformant.
En témoignent les résultats chez l’adulte et l’adolescent publiés dans le New England Journal of Medicine. Le pancréas bionique régule l’équilibre glycémique significativement mieux que la pompe à insuline classique, avec une glycémie moyenne de 1,33 g/l chez les adultes et 1,38 g/l chez les adolescents, et 2 fois moins d’hypoglycémies chez les premiers et 2 fois moins d’interventions pour hypoglycémies chez les seconds. La clef du succès tient à sa double pompe hormonale, l’une à insuline, l’autre à glucagon, et à la régulation glycémique par une « appli » très sophistiquée.
« Le dispositif a dépassé de loin nos attentes, a commenté Edward Damiano du département de conception biomédicale de la BU, auteur et investigateur principal, et dont le fils de 15 ans est diabétique depuis l’âge de 11 mois. À la fois pour réguler la glycémie, prévenir les hypoglycémies et s’adapter automatiquement à des besoins aussi différents qu’entre adultes et adolescents. Il n’existe actuellement aucun traitement conventionnel capable de rivaliser avec les résultats constatés ». L’application pour téléphone mobile (iphone 4S), qui intègre le poids et l’âge du patient, reçoit du lecteur continu une mesure de glycémie toutes les 5 minutes. Pour anticiper les doses nécessaires d’insuline, l’«appli» comporte une fonction à activer juste avant de manger afin de renseigner le type de repas (petit-déjeuner, déjeuner, dîner) et d’entrer la quantité consommée prévisible de glucides par rapport à d’habitude (équivalente, plus petite, plus grande).
En vie réelle.
Le pancréas bionique de première génération avait déjà donné, en 2010, des résultats encourageants chez des adultes diabétiques de type 1 traités pendant 27 heures en milieu hospitalier. Cette nouvelle version a été testée cette fois-ci en conditions de « vie réelle » (alimentation, activité physique) dans deux essais croisés, l’un chez 20 adultes, l’autre chez 32 adolescents. Lors de la phase avec la pompe à insuline habituelle, les adultes vivaient à leur domicile ; lors de la phase avec le pancréas bionique, s’ils étaient libres par ailleurs de faire de l’exercice et manger au restaurant, ils étaient sous surveillance infirmière 24 heures/24 et dormaient à l’hôtel. Les adolescents, âgés de 12 à 20 ans, étaient dans une colonie de vacances pour diabétiques sur la totalité de l’essai et suivaient le même programme que les autres.
Comme le chercheur Damiano l’explique, le pancréas bionique réussit la performance, non seulement de s’adapter minute par minute aux fluctuations glycémiques d’un individu, mais aussi de pouvoir s’adapter automatiquement à des besoins prévisibles très différents, comme entre adultes et adolescents. En raison de la croissance et des changements hormonaux, les besoins en insuline à l’adolescence sont 2 à 3 fois plus importants que pour un adulte de même corpulence. Deux essais cliniques avec ce pancréas bionique sont d’ores et déjà programmés, l’un chez des participants en vie réelle sur une période de 11 jours à domicile et l’autre chez des enfants âgés de 6 à 11 ans.
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