C’EST sur fond de sites Internet et de salles de musculation que s’est tenu fin mars, à Marseille, le procès d’une filière de trafic de médicaments. Mis à découvert par les polices européennes, ses membres, une dizaine de petits trafiquants de la région, comparaissaient entre autres pour exercice illégal de la pharmacie et de la profession de pharmacien. En raison de ce chef d’accusation et du caractère international de l’affaire, l’Ordre des pharmaciens s’est porté partie civile et a sollicité des dommages et intérêts à hauteur de 30 000 euros ainsi que la publication du jugement (6 000 euros par publication).
De son côté, le ministère public n’a pas badiné. Il a requis deux ans de prison ferme pour le principal instigateur, et pour ses comparses plusieurs mois de prison chacun. Le réquisitoire est à l’image de l’ampleur de ce réseau dont les ramifications mènent de Chine, aux Pays-Bas, en France, en Espagne et même aux États-Unis.
Des produits sans autorisation de mise sur le marché étaient importés, stockés et souvent même reconditionnés pour être vendus sur Internet aux quatre coins du monde, mais aussi dans des salles de sport marseillaises. Il s’agissait pour la plupart de substances de type stéroïde anabolisant androgène, d’anti-œstrogènes, de modulateurs hormonaux et de médicaments contre les dysfonctions érectiles.
Fabriqués en Chine et dans les pays de l’Est, ces comprimés, liquides d’injection et kits d’hormones de croissance, interdits pendant et hors compétition, étaient vendus sous la marque Axiolabs. Ils transitaient par des entrepôts à Chypre ou en Turquie avant d’arriver à Marseille où ils étaient stockés dans des appartements.
Substances vénéneuses.
À la source de ce trafic, une organisation dénommée GenXXL située aux Pays-Bas. Selon les autorités allemandes à l’origine des investigations, ce trafic aurait généré un chiffre d’affaires de 16 millions de dollars (14, 78 millions d’euros) entre janvier 2008 et décembre 2010. D’après l’enquête, 190 000 personnes de par le monde, ont été clientes de GenXXL et de ses sites Internet anabolisants.net et anabolisants.com.
À Marseille d’où étaient expédiés les colis, les membres du réseau sévissaient également dans les salles de sport, dont l’Institut Longchamp, le Starfitness ou encore le JP Klub. Ils y recrutaient des adeptes de la musculation, évoluant parfois dans le haut niveau du culturisme et du bodybuilding, et qui, à leur tour, distribuaient des fioles de testostérone, des comprimés de Stanozolol, de Novaldex et de Serpafar clomiphène citrate 50 mg.
Loïc Philippe, pharmacien inspecteur de santé publique, désigné en expert, est formel, « tous les produits répondaient à la définition du médicament par présentation et/ou fonction », « tous contenaient des substances vénéneuses » et « aucun n’était pourvu d’autorisation de mise sur le marché (AMM) ». Et de préciser, « les risques encourus étaient aggravés par les conditions non pharmaceutiques de fabrication ». Certaines substances avaient même une composition différente de celle annoncée sur l’étiquette.
Valse des étiquettes ou pas, l’ensemble des prévenus ont été convaincus de s’être livrés à des opérations réservées aux pharmaciens, « sans réunir les conditions exigées pour l’exercice de la pharmacie, notamment en revendant des stéroïdes et anabolisants répondant à la définition du médicament, et ce sans être titulaire du diplômé de pharmacien », comme le cite le parquet. Dans le meilleur des cas, ils se sont rendus complices « par aide ou assistance du délit d’exercice illégal de la profession de pharmacien ». Verdict le 22 avril.
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