MICHEL-EDOUARD Leclerc est à l’affût. Il guette avec intérêt la récente autorisation du gouvernement de vendre en ligne des produits de médication officinale. Sur son blog « De quoi je me M.E.L. », il explique que l’une des principales raisons qui poussent les Français à acheter des médicaments sur la Toile est la recherche de prix plus bas. Rappelant les études montrant le nombre croissant de citoyens qui renoncent à se soigner en raison du coût des traitements, Michel-Edouard Leclerc estime que la conséquence de cette décision gouvernementale « sera d’instiller un peu de concurrence dans le secteur, avec l’espoir (secret) de faire baisser les prix ». Mais pour M.E.L., ce n’est qu’un premier pas : « Pourquoi ne réserver cette faculté qu’aux seules personnes munies d’un ordinateur et d’une connexion à Internet ? Cette ordonnance ministérielle ne crée-t-elle pas finalement une distorsion entre les patients dans l’égalité d’accès à des médicaments moins chers ? Si la réponse est positive, alors rien ne devrait plus s’opposer à ce que nos parapharmacies puissent elles aussi vendre des médicaments OTC ! »
L’occasion était trop belle pour le patron d’hypermarchés qui a tout de suite flairé la brèche dans lequel il pourrait s’engouffrer. Pour l’heure, il estime que les pharmaciens n’ont rien à craindre, le texte de Marisol Touraine encadrant très strictement le commerce en ligne de médicaments. Mais par la suite, c’est moins sûr. « À ce stade, et vu les textes, au moins les mandarins ne pourront-ils pas invoquer la menace d’une distribution des médicaments par E. Leclerc et consorts (je dis bien à ce stade…) pour s’exonérer d’une remise en cause urgente d’un modèle qui a peut-être trop vécu à l’abri d’une réglementation trop corporatiste », écrit-il. Il ajoute, un rien ironique : « Qu’est-ce donc qui chagrine l’Ordre des pharmaciens, alors que seuls les pharmaciens d’officine pourront vendre sur le Net ? Le Net n’est-il pas un canal de vente supplémentaire pour des pharmacies d’officine, dont l’Ordre nous explique régulièrement qu’elles sont au bord de la faillite ? L’Ordre ne devrait-il pas se réjouir que le privilège de la vente légale sur Internet soit réservé aux pharmaciens d’officine ? » A ses yeux, ce qui motive les officinaux à refuser la vente sur le Net est simplement la crainte « de perdre un fonds de commerce, de devoir partager avec une nouvelle génération de pharmaciens qui ne se sentiraient plus obligés de racheter à prix d’or les fonds construits par leurs prédécesseurs dans le cadre d’un processus de répartition rendu obsolète par la technologie ».
Qu’on ne s’y trompe pas, Michel-Edouard Leclerc caresse toujours le rêve d’exposer des boîtes de médicaments dans les rayons de ses magasins. Un rêve qui, à l’en croire, pourrait devenir réalité avec l’autorisation des officines virtuelles.
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