Qu'est-ce que j'entends, là, à la radio ? Que les membres du cabinet britannique sont priés de se débarrasser de leurs bracelets-montres connectés parce qu'ils contiennent un micro et qu'ils peuvent être ainsi espionnés par les services secrets russes ? J'imagine les Russes en train d'écouter un ministre anglais qui dit à sa femme : « Chérie, je sors la poubelle » au su de Moscou. Bon, est-ce que cela ne signifie pas qu'il est temps de mettre un terme à cette course sans fin aux nouveautés technologiques ? Je regarde avec tendresse ma montre-bracelet, achetée il y a huit ans dans un supermarché, et sa bonne bouille ronde, vif-argent étincelant, qui, non seulement donne l'heure, mais aussi la date, et me rassure : elle en fait si peu qu'elle ne risque pas de me trahir. Elle est déconnectée, elle. Elle n'a aucune prétention. Pour un homme modeste, elle est le comble du primitif. Elle me renvoie les feux de son clinquant bon marché, avec l'air de dire : « Je ne peux pas te faire de mal, je suis sourde et muette ».
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