LES TAUX FIXES des crédits aux particuliers ont subi, dans le courant du mois de septembre, de très fortes baisses. « Les taux moyens se situent actuellement à 3,95 %, 4,05 % et 4,25 % pour des durées de quinze, vingt et vingt-cinq ans, conséquence directe d’une forte concurrence entre les banques, analyse le groupe Empruntis. En effet, dans le courant du mois de septembre, nous avons assisté à des mouvements baissiers à des fréquences inhabituelles : les banques modifiant leur barème au gré des nouveaux barèmes de leurs consœurs ». Conséquence directe pour les emprunteurs français : la fourchette des taux moyens s’échelonne aujourd’hui de 3,65 % sur sept ans à 4,75 % sur trente ans. « Les meilleurs dossiers bénéficient également de cette très vive concurrence avec des baisses moyennes de 0,20 % et des taux inférieurs à 4 % pour toutes les durées, à l’exception du trente ans, poursuit Empruntis. Aujourd’hui, un très bon dossier (revenus évolutifs avec 20 % d’apport) peut prétendre à un taux de 3,65 % sur 15 ans et 3,75 % sur vingt ans. »
Une hausse mondiale attendue.
Or ce mouvement de baisse ne devrait pas durer très longtemps. Ainsi, pour Marc Touati, directeur général délégué de Global Equities et Président du cabinet de conseil ACDEFI, « le cycle de baisse des taux d’intérêt est terminé ». En témoigne, selon lui, la hausse décidée début octobre par la banque australienne de ses taux : « Après avoir tout fait pour soutenir la croissance, maintenant que la croissance est de retour en Australie, la banque centrale augmente les taux d’intérêts. L’un des grands clients de l’Australie est la Chine qui connaît une forte croissance ; l’Australie doit suivre le mouvement et peut donc se permettre de monter ses taux d’intérêt », analyse de spécialiste.
Faut-il y voir le premier pas d’un mouvement mondial de hausse ? « La réponse est oui, mais pas tout de suite, estime Marc Touati. En Europe, la Banque centrale a confirmé qu’elle n’allait pas monter les taux d’intérêt à court terme, mais les marchés commencent à évoquer un risque inflationniste. L’inflation dans la zone euro devrait attendre 1,5 à 2 % début 2010 ; or la BCE a laissé entendre qu’elle n’attendrait pas la hausse de l’inflation autour de 2 % pour monter ses taux. On peut donc raisonnablement penser que la banque centrale européenne les augmentera ses taux autour de 1,5 % l’été prochain ».
Pour ce même expert, un même mouvement de hausse devrait être enregistré aux Etats-Unis l’année prochaine, vers l’été 2010, après la baisse attendue du chômage, mais pour des raisons différentes. Les taux américains, actuellement pratiquement nuls, devraient passer à 1?% voire 1,50 % ou même 1,75 % fin 2010 , accompagnant la reprise. « La réserve Fédérale américaine n’augmentera néanmoins pas trop fortement ses taux pour limiter la hausse des taux d’intérêt long-terme compte-tenu du dérapage de la dette publique », explique-t-il.
Conséquence pour les petits épargnants français ? Quitte à s’endetter, mieux vaut le faire maintenant que dans quelques mois, et, dans tous les cas, refuser les taux variables en raison de la hausse attendue. Mais surtout, il est urgent pour ceux qui ont des crédits immobiliers en cours de renégocier leur taux ! Objectif : réaliser des économies non négligeables sur le coût total du crédit.
Techniquement, l’opération "vaut le coup" si le rachat du crédit permet de faire baisser le taux d’intérêt de 0,5 à 1 point. Or, les taux étant aujourd’hui sous la barre des 4 % après avoir dépassé les 5 % en 2008, fin 2009, le moment s’avère donc propice pour renégocier les crédits de 2008. En effet, cette renégociation ne concerne que les crédits récents, dont les ménages sont en train d’acquitter les premières échéances : c’est en effet au cours du premier tiers de la durée totale du prêt que le remboursement des intérêts est le plus fort.
Reste qu’il existe des frais pour une telle opération. Il s’agit des pénalités de remboursement anticipé, plafonnées au maximum à 3 % du capital restant dû. Si vous avez procédé à un crédit hypothécaire, prenez en compte le fait que vous devrez procéder à une mainlevée, dont les frais s’élèvent à 0,70 % du prêt initial. Quant aux frais de garantie pour le nouveau crédit, ils représentent en général entre 1 et 2 % du capital. Enfin, peuvent s’ajouter d’éventuels frais de dossier appliqués par la nouvelle banque et d’éventuels frais de courtier. Pour autant, ces frais ne rendent pas l’opération négative, loin de là ! Ils ne grignoteront que un tiers des quelques 15 000 euros économisés si vous renégocier à 4 % un crédit de 150 000 euros sur 20 ans initialement prêtés à 5 %.
Dans tous les cas, commencez par aller voir votre banquier pour renégocier à la baisse votre crédit en cours, c’est la solution qui sera la moins génératrice de frais annexes. Si ses propositions devaient ne pas vous satisfaire, n’hésitez pas à vous rendre dans les établissements concurrents.
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