FISCAL JURIDIQUE ET SOCIAL

Les petites officines souffrent plus de la crise

Publié le 05/09/2013
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Que ce soit en termes de chiffre d’affaires ou de rentabilité, les écarts se creusent entre les petites et les grandes officines, ces dernières résistant mieux à la décroissance générale de l’activité. C’est ce que révèle notamment la dernière étude statistique de CGA PARTENAIRE, le Centre de gestion agréé des pharmaciens*.

COMME on pouvait le craindre et comme l’ont déjà révélé d’autres études récentes, l’année 2012 a été mauvaise pour l’activité des pharmaciens. Pour les officines adhérentes du Centre de gestion agréé CGA PARTENAIRE, en effet, l’année 2012 est marquée globalement par une décroissance de l’activité, de 0,6 % en moyenne. Plus de la moitié des pharmacies connaît ainsi une évolution moyenne négative de leur activité (55 % exactement), alors que seulement 45 % ont une évolution positive de cette même activité.

Dans cet ensemble, les petites officines, c’est-à-dire celles qui ont déjà le chiffre d’affaires le moins élevé, sont les plus fortement touchées. Inversement, au-delà de 1,5 million de chiffre d’affaires, l’activité est maintenue en 2012.

L’étude de CGA PARTENAIRE montre que recul global de l’activité est le fait des ventes de médicaments remboursables, qui enregistrent une baisse de 1,6 % en 2012. Or, si les ventes de médicaments non remboursables progressent (+ 3,1 %), de même que les ventes de parapharmacie (+ 6 %), ces augmentations permettent tout juste d’atténuer la baisse constatée sur le médicament remboursable dans la mesure où ce dernier représente, en moyenne, 77,1 % du chiffre d’affaires des pharmacies. Il faut noter également que les petites officines restent les plus dépendantes du médicament remboursable, qui représente 80 % de leur activité. C’est pourquoi ce sont également celles qui subissent la baisse d’activité la plus importante.

Marge consolidée.

En 2012, la marge globale moyenne des officines, selon cette étude, s’élève à 28,4 % du chiffre d’affaires hors taxes, contre 27,9 % en 2011 et 27,7 % en 2010. Pour le troisième exercice consécutif, la consolidation du taux de marge se poursuit donc avec près d’un demi-point supplémentaire pour l’ensemble des pharmacies. Mais deux remarques s’imposent : en volume, la marge progresse seulement de 0,9 %, et les plus petites pharmacies ont une évolution négative de leur taux de marge (- 1,4 %).

Quant aux frais généraux, ce poste représente en moyenne en 2012, selon CGA PARTENAIRE, 5,7 % du chiffre d’affaires. Or, les frais généraux augmentent assez sensiblement, de 1,5 % en volume. En 2011, ils ne représentaient que 5,3 % du chiffre d’affaires. Et là encore, il y a des différences marquées entre les officines : la taille permettant de faire des économies d’échelle, le montant des frais généraux décroît en part relative lorsque la taille de la pharmacie augmente.

C’est l’inverse, cependant, pour les frais de personnel, qui représentent en moyenne 10,2 % du chiffre d’affaires. Ici, plus la taille de l’officine augmente, plus ce poste prend de l’importance en part relative.

Au total, l’excédent brut d’exploitation (EBE), qui mesure la rentabilité de l’officine, est quasi stable en 2012 et reste positionné à 9,2 % du chiffre d’affaires, comme en 2011 et 2010. Mais là encore, les grandes officines font mieux puisque, au-delà de 1,5 million de chiffre d’affaires, l’EBE à tendance à se renforcer.

Situation fragile.

En conclusion, « l’augmentation des ventes de médicaments non remboursables et de la parapharmacie permet de compenser en partie le recul des ventes de médicaments remboursables et de maintenir la marge en volume. Le développement des contrats de coopération commerciale sur les génériques et la mesure tiers-payant contre génériques ont également un effet bénéfique sur le taux de marge qui continue de se consolider, quel que soit le type d’officine. Mais le gain de marge n’est pas suffisant pour faire face à l’augmentation des frais généraux et des charges de personnel. Et si l’EBE se maintient en part relative, il suit, en valeur, le même mouvement que le chiffre d’affaires, avec une baisse moyenne de l’ordre de 0,6 % », observe Jean-Jacques des Moutis, Président du Centre CGA PARTENAIRE.

Bref, la situation des officines « reste globalement très fragile et crée une grande dépendance à la délivrance des génériques », ajoute Jean-Jacques des Moutis.

* Étude réalisée d’après un échantillon de 1 021 officines adhérentes de CGA PARTENAIRE. 59 % de ces officines sont exploitées sous forme individuelle et 94 % relèvent de l’impôt sur le revenu.
› FRANÇOIS SABARLY

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3026