Le bilan économique de janvier était le crash test de l’avenant n° 11. L’union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), signataire de ce texte réformant la rémunération des pharmaciens, en attendait beaucoup. Car les résultats obtenus par l’officine au cours du premier mois de l’année sont en effet les premiers à attester – ou non — de la capacité de la réforme à stabiliser la marge officinale tout en résistant à la baisse des prix du médicament remboursable.
Les chiffres semblent probants, selon l'analyse de l’USPO. La réforme et avec elle l’entrée en vigueur des trois nouveaux honoraires de dispensation, ont permis d’augmenter la rémunération totale, honoraires compris, de 3,6 % en janvier par rapport à janvier 2018.
Après avoir perdu près de 11 millions d’euros de rémunération sur le médicament remboursable en janvier 2018, le réseau officinal est en effet parvenu, un an plus tard, à engranger 16,58 millions d’euros. La reprise du chiffre d’affaires à la hausse de 3,44 % (soit 76,4 millions d’euros) se confirme également, notamment en raison de l’arrivée des médicaments chers.
Prudence
S’il est sensible à ces signaux positifs, le président de l’USPO reste néanmoins prudent. Cette tendance demande à être confortée par les résultats de février et surtout à la fin du trimestre, date à laquelle sont prévues de nouvelles baisses de prix. Deux autres variables seront également à prendre en compte : la baisse des volumes (0,89 % moins d’unités vendues en janvier), doublée de la réduction des ordonnances, dont le nombre s’est encore infléchi de 1,03 % en janvier.
Mais le développement économique de l’officine doit également être pérennisé par d’autres mesures répondant aux évolutions du marché officinal. L’USPO s’apprête donc à émettre auprès de députés, des propositions d’amendements à la loi Santé afin de mieux protéger l’économie officinale.
Médicaments chers et obligation d'embauche
Celle-ci est par exemple menacée, bien qu’indirectement, par la montée en puissance des médicaments chers (à partir de 1 600 euros). Cette augmentation significative d’activité amène les pharmacies à franchir une tranche de chiffre d’affaires les obligeant à embaucher un adjoint supplémentaire. « Environ 600 pharmacies se trouvent aujourd’hui dans cette situation d’autant plus délicate qu’elles doivent songer à embaucher sans avoir la garantie que le patient restera à l’officine », décrit Gilles Bonnefond. Et de poursuivre « je ne veux pas que cette évolution mette le pharmacien en difficultés. Pas davantage, je ne veux voir un patient refusé pour ces raisons ».
Cette exonération des pharmaciens de l’obligation d’embauche, pourvu qu’ils puissent justifier du poids de ces médicaments chers, figure au rang de plusieurs autres propositions qui pourraient être reprises sous forme d’amendement. Parmi elles, la dispensation protocolisée de médicaments à prescription obligatoire (PMO) pour des pathologies bénignes, projet également porté par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP)*.
Ou encore la possibilité pour les pharmaciens de vacciner contre la grippe sans distinction, et « sans être entravé par le statut du vaccin », précise Gilles Bonnefond. Il se dit par ailleurs déçu par une vaccination contre la grippe pourtant généralisée en fin d'année à tout le territoire mais restreinte, à l’officine, aux seuls porteurs de bons.
Une sérialisation version « light »
La défense de l’exercice officinal passe également par l’identification de nouvelles menaces. La sérialisation en faisait jusqu’à présent partie, selon l’USPO, car chronophage pour le pharmacien et source de dysfonctionnements face aux patients. Gilles Bonnefond affirme que le danger est désormais écarté. Selon lui, le ministère aurait retenu sa proposition d’aménagement. Il s’agit d’une version « light » consistant à décommisionner les boîtes dès leur entrée à l’officine, dans le back-office, et non au comptoir comme initialement prévu.
Le président du syndicat expose les avantages de cette alternative au dispositif prévu par la directive européenne : un conditionnement dont le Datamatrix est défectueux ou encore un médicament contrefait sera immédiatement repéré et pourra être instantanément retourné au grossiste-répartiteur. Toujours selon le président de l’USPO, la Commission européenne aurait été informée de cette exception française.
* Voir page 5.
Près de 40 % du chiffre d’affaires
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