Pas de surprise. En 2016, le médicament a encore reculé. Il ne constitue plus que 70,49 % des ventes de l’officine contre 71,69 %, un an auparavant. Traduites en chiffre d’affaires, les ventes de médicaments remboursables se sont infléchies de 2,19 %, alors que tous les autres secteurs d’activité enregistrent une hausse.
Ainsi, comme le constate le réseau Conseil Gestion Pharmacie (CGP) à l’origine de ces statistiques professionnelles (1), les produits soumis à un taux de TVA de 5,5 % poursuivent leur progression (+ 4,56 %), soutenue par les ventes en compléments alimentaires ; la parapharmacie et les dispositifs médicaux, notamment ceux vendus hors prescriptions, continuent de croître, même si à + 4,74 %, ils ne réalisent pas la même performance qu’en 2015 (+7,09 %). L’OTC, quant à lui, tire son épingle du jeu. En dépit d'une forte concurrence sur les prix, les ventes en valeur de ce dernier segment opèrent, après deux années de chute, une timide remontée à +0,62 %. Pourtant, l'embellie sur ces marchés, tout comme la hausse des pathologies au cours du dernier trimestre, n’ont pas suffi à endiguer la régression de 0,53 point des ventes globales de l’officine (hors taxes et hors honoraires de dispensation).
Pour autant, la remontée des ventes hors médicaments remboursables n'en est pas moins un signal positif. Car, comme le constate Joël Lecoeur, expert-comptable associé du cabinet LLA, membre du réseau, « la tendance haussière semble se confirmer en ce début d’année 2017 ». Toutefois, précise-t-il, « près de la moitié des officines voit toujours leur chiffre d’affaires décroître ».
Ainsi, déjà en 2016, la chute de l'activité atteignait 0,65 % pour les pharmacies dont le chiffre d’affaires se situe entre 1 et 1,5 million d’euros, voire 2,2 % pour les autres. À noter que cette chute est inversement proportionnelle à la hausse enregistrée par les pharmacies de plus de 2,5 millions de chiffres d’affaires. « L’écart se creuse et il devient désormais urgent de trouver des solutions pour les petites officines », alerte Olivier Desplats, expert-comptable associé du cabinet Flandre Comptabilité Conseil, membre du réseau CGP.
Le choc des honoraires
Ces disparités s'observent également sur le territoire. Alors que l’activité des officines implantées en centres commerciaux fait un nouveau bond de 1,25 %, tout comme, dans une moindre mesure, en zones urbaines, le chiffre d’affaires dans les gros bourgs continue de baisser. Pour autant, cette décroissance semble jugulée après trois années de chute importante. De même dans les zones rurales où une légère reprise (0,06 %) est constatée.
Dans ce contexte, c’est par l’honoraire de dispensation, et notamment par son passage de 0,80 à 1 euro, que l’officine tire son épingle du jeu en 2016. De toute évidence, la hausse de 19,50 % du volume de la rémunération hors marge commerciale (honoraires de dispensation et ROSP), soit 146 572 euros, a largement contribué à la croissance de 0, 38 % du chiffre d’affaires global moyen de l’officine (1,806 million d’euros, hors taxe, dans le réseau CGP).
« Les honoraires semblent jouer pleinement leur rôle d’amortisseur à la baisse des prix des médicaments remboursables. Ils représentent une part significative de l’activité globale de l'officine de l'ordre de 8,11 % », analyse Olivier Desplats, soulignant que cette part est salutaire pour les officines les plus fragiles. Un constat qui prend une signification particulière alors que les négociations conventionnelles sont en cours.
Le poids de l’EBE
Pour l’heure, cette nouvelle donne a un pouvoir dynamisant sur la marge brute de l’officine. Car tandis que la marge commerciale sur les ventes continue de décroître (24,23 % contre 24,97 % en 2015), la marge brute globale enregistre une hausse de 1,3 % en valeur et se maintient à 31,76 %, signe que l’augmentation des honoraires de dispensation à 1 euro a joué le rôle de variable d’ajustement.
C’est un fait entériné, il faudra composer avec les honoraires de dispensation qui représentent désormais un quart de la marge brute globale (37 % de la marge sur le médicament remboursable). Face à cette évolution, le titulaire serait ainsi bien inspiré, comme le conseille Joël Lecoeur, « de suivre de façon régulière l’évolution de la marge en valeur et non plus son seul chiffre d’affaires ! »
Raison de plus, aussi, pour considérer l’excédent brut d’exploitation (EBE) comme l'indicateur essentiel de la santé de l’officine. De fait, le loyer et les charges de personnels, qui pèsent respectivement pour 1,49 % et 10,75 % du chiffre d’affaires (2), ont connu en 2016 une hausse de 5,07 % et 1,61 %. Une surcharge se traduisant par une baisse de l’EBE de l’ordre de 2,63 % (soit 6 116 euros en moyenne par officine).
L'EBE équivaut désormais à 12,52 % du chiffre d’affaires (12,91 % en 2015). Même s’il demeure acceptable, comme le notent les experts de CGP, cet indicateur de rentabilité de l’officine doit être maîtrisé. Il est en effet la base de la rémunération nette du titulaire (3). Et par conséquent, un facteur d’attractivité de l’officine pour les jeunes.
(1) Réalisées sur un échantillon de 1 715 officines clientes du réseau CGP sur la base des bilans 2015 et 2016 de douze mois chacun.
(2) Les charges externes dont le loyer, sont en hausse de 2,37 %, les impôts et taxes de 2,08 % et les cotisations TNS de 4,58 %.
(3) Une fois réglée, les échéances d'emprunt ayant financé l'acquisition du fonds de commerce et supportée la fiscalité de l'activité.
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